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SUR DES HYBRIDES VÉGÉTAUX.

durée et le nombre de générations nécessaires pour transformer une espèce en une autre doit également varier ; certaines espèces exigent donc plus de générations que d’autres pour que la transformation soit complète ». Le même observateur remarque encore « que le type et l’individu choisis pour une transformation ultérieure influent sur la manière dont elle s’opère. »

Si l’on pouvait admettre que, dans ces expériences, le développement des formes se fait comme chez Pisum, tout le processus de transformation serait relativement simple à expliquer. L’hybride forme autant de sortes de cellules ovulaires que les caractères réunis en lui comportent de combinaisons constantes ; l’une d’elles concorde toujours avec les cellules polliniques fécondantes. Par conséquent, il y a toujours possibilité, dans toutes les expériences semblables, d’obtenir, dès la deuxième fécondation, une forme constante identique à la plante mâle. Mais l’obtention certaine de cette forme dépend, dans chaque cas particulier, du nombre des plantes en expérience, ainsi que du nombre des caractères différentiels qui sont réunis pour la fécondation. Admettons, par exemple, que les plantes choisies pour l’expérience diffèrent par trois de leurs caractères, et qu’il faille transformer l’espèce A B C en une autre a b c par fécondations répétées au moyen du pollen de cette dernière. L’hybride provenant de la première fécondation produit 8 espèces différentes de cellules ovulaires, à savoir :

A B C, A B c, A b C, a B C, A b c, a B c, a b C, a b c.

On les féconde de nouveau, dans la deuxième année d’expérience, avec le pollen a b c et l’on obtient la série :

A a B b C c + A a B b c + A a b C c + a B b C c + A a b c + a B b c + a b C c + a b c.

Comme la forme a b c se trouve une fois dans cette série de 8 termes, il est peu vraisemblable qu’elle arrive à manquer parmi les plantes en expérience, même si on n’en élevait qu’un petit nombre ; et la transformation serait complète après la deuxième fécondation. Si, par hasard, on ne l’obtenait pas, il faudrait répéter la fécondation avec une des combinaisons qui s’en rapprochent : A a b c, a B b c, a b C c. Il est clair qu’une telle expérience doit être d’autant plus prolongée que le nombre des plantes en expérience est plus petit et que les caractères différentiels sont en plus grande quantité chez les deux