Page:Bulletin biologique de la France et de la Belgique, tome XLI.djvu/422

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
412
GREGOR MENDEL.

plantes souches ; on voit, de plus, que les mêmes espèces peuvent facilement présenter, ainsi que Gærtner l’a observé, un retard d’une, et même de deux générations. La transformation d’espèces très éloignées ne peut, en tout cas, être achevée qu’en 5 ou 6 années d’expériences, puisque le nombre des différentes cellules ovulaires qui se forment chez l’hybride varie comme le carré des caractères différentiels.

Gærtner a montré, par des expériences répétées, que la durée d’une transformation réciproque varie pour beaucoup d’espèces, de telle sorte que, souvent, une espèce A peut être transformée en une autre B une génération plus tôt que l’espèce B en l’espèce A. Il voit dans ce fait la preuve qu’il est bien difficile d’accepter complètement l’opinion de Kœlreuter au dire de qui « les deux natures s’équilibrent parfaitement chez les hybrides ». Il semble cependant que Kœlreuter ne mérite pas ce reproche, que, bien plus, Gærtner n’a pas vu, dans ce cas, un point important sur lequel il a, lui-même, attiré l’attention en une autre circonstance, à savoir que « il faut tenir compte de l’individu choisi pour une prochaine transformation ». Des recherches poursuivies dans cet ordre d’idées avec deux espèces de Pisum montrent que le choix des individus convenant le mieux à une fécondation ultérieure peut grandement varier suivant celle des deux espèces qui doit être transformée en l’autre. Les deux plantes en expérience différaient par 5 caractères ; ceux de A étaient tous dominants, ceux de B tous récessifs. Pour obtenir une transformation réciproque, A fut fécondé avec le pollen B et, inversement, B avec celui de A. On procéda de même l’année suivante avec les deux sortes d’hybrides. Dans la première expérience B/A, au bout de la troisième année d’essai, le choix des individus devant servir à une fécondation ultérieure portait sur 87 plantes représentant les 32 formes possibles. La deuxième expérience A/B fournit 73 plantes qui, par l’extérieur, ressemblaient parfaitement à la plante mâle, mais dont la structure intime devait être aussi variée que pour les formes de l’autre expérience. C’est pourquoi un choix raisonné n’était possible que dans la première expérience ; dans la seconde, il fallut éliminer quelques plantes en s’en remettant au simple hasard. Chez ces dernières, une des fleurs seulement fut fécondée avec le pollen de A, le reste fut abandonné à l’autofécondation. Sur chaque groupe de cinq plantes choisies pour la