Page:Bulletin biologique de la France et de la Belgique, tome XLI.djvu/442

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Longtemps dominés par les influences scholastiques du moyen âge, les naturalistes n’avaient guère augmenté le bagage d’observations généralement très superficielles recueillies par les anciens. Ce n’est pas sans étonnement qu’on voit encore, presque à l’aurore du siècle dernier, des encyclopédistes comme Bruguière discuter longuement sur des textes et contester la valeur d’affirmations précises, telles que celles de Gaertner relatives à l’organisation des Ascidies composées, alors qu’il suffisait, pour trancher le débat, d’un voyage au bord de la mer sur les côtes de France où abondent les Botrylles, les Distomes, etc.

Cependant la méthode expérimentale, entrevue dès le xiiie siècle par le moine anglais Roger Bacon, puis brillamment exposée, en 1620, par son homonyme le chancelier François Bacon qui d’ailleurs, s’il la recommandait, ne la pratiquait guère, avait trouvé peu à peu des adeptes convaincus : Harvey, Pallas, Daubenton, Haller, Camper, Hunter, Spallanzani, pour l’étude de l’organisation et des fonctions des animaux ; Hales, Duhamel, Sprengel pour l’anatomie et la physiologie végétales.

Bientôt Vicq d’Azyr, Cuvier et Ét. Geoffroy Saint-Hilaire en France, Meckel et K.-E. von Baer en Allemagne, R. Owen en Angleterre, donnèrent un puissant essor aux recherches de Morphologie comparée, et le perfectionnement des instruments d’observation permit à Schwann, Raspail et Schleiden d’asseoir sur des bases désormais inébranlables la théorie cellulaire déjà entrevue par Leuwenhœck et Malpighi.

En même temps, reprenant l’étude depuis si longtemps abandonnée des animaux marins, J. Mueller, Savigny, H. Milne-Edwards, déterminèrent la création de laboratoires maritimes où l’organisation et le développement des formes si nombreuses d’invertébrés furent élucidés jusque dans leurs détails les plus minutieux.

On comprend dès lors qu’en possession de moyens dont la fécondité semblait loin d’être épuisée, et désireux d’ailleurs de réagir contre les tendances des philosophes de la nature qui détournaient sans profit pour la science les forces vives des naturalistes vers de vaines spéculations, les glorieux fondateurs de la Société de Biologie de Paris, la première au monde qui ait pris pour objet exclusif de ses travaux la science instaurée par Lamarck et Treviranus, les biologistes les plus complets du siècle dernier, Ch. Robin, Rayer, Claude Bernard, Brown-Séquard, se soient cantonnés étroitement sur le