Page:Bulletin biologique de la France et de la Belgique, tome XLI.djvu/443

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terrain stérile du positivisme, malgré leur souci de la recherche des relations de causalité, malgré leur désir de faire triompher la conception mécanique de l’univers et leur foi en l’expérience comme instrument par excellence de la découverte scientifique.

C’est ainsi que l’élite des naturalistes français laissa sans écho l’appel du génial auteur de la Philosophie zoologique et que plus tard, suivant l’exemple des successeurs de Cuvier, elle refusa longtemps d’entrer dans le magnifique mouvement des esprits que provoqua le transformisme renaissant sous une forme nouvelle avec Ch. Darwin et R. Wallace, lors de la publication, en 1859, du livre de l’Origine des espèces.

Ce fut, comme on l’a dit fort justement[1], la rançon de l’esprit qui présida à la fondation d’un groupement qui devait d’ailleurs montrer sa puissance en travaillant avec Claude Bernard à un développement de la Physiologie aussi rapide et aussi merveilleux que celui de la Biologie statique ; car il est permis de penser avec Paul Bert, le successeur de Cl. Bernard à la présidence de la Société de Biologie, « que la multiplicité des sujets traités dans le sein de cette Société, la diversité des points de vue, l’intérêt général des problèmes, le défilé des aspects variés que présente l’étude des êtres vivants, ont puissamment agi sur l’esprit du maître et entraîné ses méditations au delà de l’atmosphère relativement restreinte d’un laboratoire de vivisection[2]. »

Cette double et magnifique poussée de l’arbre de la Biologie dans le sens morphologique et dans le sens physiologique s’est prolongée, toujours vivace, jusqu’à nos jours, et elle peut continuer longtemps encore sa frondaison et produire les meilleurs fruits. À condition toutefois qu’on ne pense pas, avec quelques esprits à courte vue, que le dernier mot est dit sur telle ou telle partie de la science et qu’on ne cherche pas à établir de subtiles distinctions entre ceux qui usent de différents procédés de recherche, entre ceux qui observent l’être vivant dans la nature et ceux qui l’interrogent dans les laboratoires, entre les tenants du microscope et du rasoir, et ceux de la pince et du scalpel.

  1. Gley (Eu.). Essais de philosophie et d’histoire de la biologie ; La Société de Biologie de 1849 à 1900, p. 309.
  2. P. Bert, Soc. de Biol., 21 décembre 1878.