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Page:Bulletin biologique de la France et de la Belgique, tome XLI.djvu/453

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et l’état des parties ainsi que des organes, participent des suites de toutes ces influences, se conservent et se propagent par la génération[1] ».

Lamarck avait donc parfaitement mis en lumière l’importance de ce que j’ai appelé depuis les facteurs primaires de l’évolution, et il avait en outre insisté sur l’importance de la réaction biologique.

Il est bon de faire ressortir combien à ce point de vue il se montre supérieur aux autres précurseurs de la théorie de la descendance, et notamment à É. Geoffroy Saint-Hilaire, qui, lui aussi, avait signalé l’action modificatrice des milieux cosmiques, notamment dans le passage suivant souvent rappelé :

« La respiration constitue, selon moi, une ordonnée si puissante pour la disposition des formes animales, qu’il n’est même point nécessaire que le milieu des fluides respiratoires se modifie brusquement et fortement pour occasionner des formes très peu sensiblement altérées.

» La lente action du temps, et c’est davantage sans doute s’il survient un cataclysme coïncidant, y pourvoit ordinairement. Les modifications insensibles d’un siècle à un autre finissent par s’ajouter et se réunissent en une somme quelconque : d’où il arrive que la respiration devient d’une exécution difficile et finalement impossible, quant à de certains systèmes d’organes ; elle nécessite alors et se crée à elle-même un autre arrangement, perfectionnant ou altérant les cellules pulmonaires dans lesquelles elle opère, modifications heureuses ou funestes qui se propagent et qui influent sur tout le reste de l’organisation animale. Car si ces modifications amènent des effets nuisibles, les animaux qui les éprouvent cessent d’exister, pour être remplacés par d’autres avec des formes un peu changées, à la convenance des nouvelles circonstances »[2].

Ainsi pour Geoffroy le monde ambiant est un modificateur tout-puissant par une altération des corps organisés dans la limite de leur plasticité, et l’illustre anatomiste semble même un instant entrevoir, sans s’y arrêter d’ailleurs et sans en comprendre la valeur, l’idée d’une adaptation progressive et d’une survivance des plus aptes.

  1. Lamarck, Système des animaux sans vertèbres, 1801. Discours d’ouverture, p. 12-13.
  2. Geoffroy Saint-Hilaire (Étienne), Mémoire sur l’influence du monde ambiant pour modifier les formes animales, p. 76 (1831).