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de limiter notre ambition et de ne demander à l’étude des facteurs primaires que ce qu’elle peut nous donner sûrement : des notions précises sur le mécanisme de quelques processus de variation, d’utiles renseignements sur la distribution géographique des animaux et des végétaux, et quelques indications sur les conditions dans lesquelles ont pu naître, se développer, disparaître ou se transformer les innombrables formes dont les empreintes nous sont révélées par la Géologie.

Peut-être à ce point de vue trouverons-nous un guide précieux dans l’Éthologie des formes embryonnaires actuelles, associée à l’étude de la Paléontologie comprise dans le sens large qu’on lui donne aujourd’hui.

Un exemple fera mieux saisir ma pensée :

Nous savons que beaucoup d’animaux, appartenant à une même espèce et absolument semblables entre eux à l’état adulte, arrivent à cet état après avoir traversé des phases embryonnaires parfois très différentes dans les diverses régions de leur habitat ou, en un même lieu, sous l’influence de conditions diverses de climat. J’ai attiré l’attention des naturalistes sur ce phénomène de développement ontogénique variable que j’ai appelé poecilogonie, et j’ai insisté sur son importance[1]. Si à un instant donné on examine parallèlement les embryons de deux formes distinctes rattachées à une même espèce poecilogonique, on croirait avoir affaire à des types bien distincts. S’il s’agissait d’animaux fossilisables, en présence d’un pareil cas l’embarras d’un paléontologiste serait certainement très grand ; l’on peut même assurer qu’on serait souvent conduit à assigner aux deux formes évolutives isochrones une position systématique différente.

On peut se demander dès lors si, dans le développement phylogénique des espèces anciennes, une semblable conjoncture n’a pas été maintes fois réalisée ; si des individus rapportés sans hésitation à une

    déjà été faites pour exprimer par des symboles mathématiques l’ensemble des formes existantes possibles et réaliser ainsi une sorte de Promorphologie théorique. Voir : Schiaparelli (G. V.), Studio comparativo tra le forme organiche naturali e le forme geometriche pure. Milano, 1898. Voir aussi : Emery C., Osservazioni critiche, Riv. sc. biol. Como, fasc. I, 1899. Volterra (V.), Sui tentativi di applicazione delle matematiche alle scienze biologiche e sociali. Giorn. d. economisti. Bologna, nov. 1901.

  1. Giard (A.). La pœcilogonie. Bull. scient. Fr. et Belgique, t. XXXIX, 1905, p. 153-187.