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même espèce ou à des espèces très voisines, ne sont pas issus de genres différents ; si, en un mot, à côté de la pœcilogonie actuelle il ne convient pas d’admettre, par une complication nouvelle du principe de Serres et de Fritz Mueller, la pœcilophylie, c’est-à-dire la poecilogonie des formes ancestrales convergeant vers un même ensemble générique actuel par des voies jalonnées de types anciens génériquement différents.

C’est vers cette conclusion que me paraissent tendre les admirables recherches de l’École de New-York, en Amérique, et en Europe celles des paléontologistes qui, comme L. Dollo et C. Depéret, ont résolument abandonné les voies surannées et les idées trop simplistes défendues par leurs prédécesseurs[1].

Ainsi s’interpréterait la loi polyphylétique si bien mise en évidence par H.-F. Osborn dans la formation des genres Equus et Rhinocéros. Ainsi l’on expliquerait par l’unité d’origine, et sans faire intervenir aucune puissance latente, aucun principe directeur interne ou externe, la loi d’évolution analogue et le principe du potentiel d’évolution similaire d’après lequel, quand certaines structures apparaissent chez des animaux dérivés indépendamment d’une souche commune très éloignée, elles apparaissent en certains points particuliers et nullement au hasard. Telle la genèse d’une corne rudimentaire chez les trois phylums indépendants des Titanothères éocènes, exactement à la même place, à savoir au point de jonction des os frontaux et nasaux sur le côté de la face, juste au-dessus des yeux. Les déviations ontogéniques ou phylogéniques de l’évolution seraient la suite d’oscillations dues aux facteurs primaires et suffisantes pour produire d’importantes modifications transitoires, mais n’altérant cependant pas assez la somme des potentialités ancestrales accumulées dans le plasma germinatif pour empêcher la production ultérieure d’une forme générique commune sous l’influence convergente d’un retour aux mêmes conditions d’ambiance.

Les causes actuelles récentes déterminent les convergences ; les causes actuelles passées et intégrées dans l’hérédité déterminent l’homœogénèse.

En présence des résultats magnifiques que nous a donnés déjà et de ceux plus importants encore que nous promet l’Éthologie expéri-

  1. En particulier l’évolutionnisme idéaliste de Gaudry et de ses élèves ne peut trouver place dans une science basée sur le principe de causalité.