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Page:Bulletin de l'Académie Delphinale, 3e série, tome 16 - 1880.djvu/176

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Ce sont les mille accords touchants, mélancoliques,
À toute heure émanés de la création,
Et qui, se transformant en hymnes séraphiques,
Tressaillent sur la lyre en vive effusion !…

C’est le doux rossignol, dans l’ombre solitaire,
Jetant ses longs sanglots au bocage enchanté,
Tandis que, fleur des nuits, lys du divin parterre,
La lune épanouit son calice argenté.

C’est le frêle ruisseau promenant son murmure,
Sa plainte musicale exhalée en passant ;
C’est la brise qui court à travers la ramure
Et chante avec la feuille un duo ravissant…

C’est la secrète voix qui sort des solitudes
Et plaît par son mystère au cœur endolori ;
Douce voix qui fait trêve à ses inquiétudes
En le berçant d’espoir, de songes et d’oubli !…

C’est le cygne planant aux cieux ; c’est la colombe
Volant vers le ramier que l’amour fait gémir ;
C’est la cloche du soir dont la voix monte et tombe,
Et qui semble pleurer le jour qui va mourir…

C’est le sublime essor de l’aigle dans l’espace,
Nageant vers le soleil sur des vagues de feu ;
L’éclat majestueux de la foudre qui passe
Sur l’univers, ainsi que le Verbe de Dieu !…