Page:Bulletin de l'Académie Delphinale, 3e série, tome 16 - 1880.djvu/820

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Je suis le suave murmure
De toute la création,
Lorsqu’à l’horizon qui s’épure,
Sourit un matinal rayon.

Je suis la rumeur faible et vague
Qui s’exhale du flot vermeil
À l’heure où le sein de la vague
Palpite aux baisers du soleil.

Je courtise la fraîche Ondine
Dans son alcôve de roseaux,
Et je mêle ma voix badine
Aux molles chansons des ruisseaux.


II


Je suis l’amante des pelouses
Que mai sème de pourpre et d’or ;
Je fais, sous mes lèvres jalouses,
Éclore leur riant trésor…

Les lys d’argent, les violettes,
Se pâment à mon pur baiser,
Et laissent, de leurs cassolettes,
Les parfums, pour moi, s’épuiser.

Je m’insinue au cœur des roses,
Je vais caresser leurs atours,
Et, dans leurs corolles mi-closes,
Des sylphes bercer les amours…

Les papillons, les demoiselles,
Fleurs des airs, dorment sur mon sein ;
Le fluide azur de mes ailes
Leur forme un vaporeux coussin.