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III


Je suis la fraîcheur et la grâce
Des bois au feuillage onduleux ;
Un frisson de volupté passe
Avec mon vol sur les flots bleus….

L’essaim des molles rêveries
Et des beaux songes printaniers
S’attache à mes traces fleuries
Sous l’aubépine des sentiers.

Le soir, quand revient, pâle et douce,
L’heure des larcins amoureux,
J’effleure et parfume la mousse
Que foulent les couples heureux…

Je me glisse sous les charmilles,
Attentive aux aveux charmants
Qui, des lèvres des jeunes filles,
Tombent dans le cœur des amants…

Lasse du jour, la moissonneuse
Me cherche et sous l’ombre me suit,
Tandis que la jeune baigneuse
S’effarouche à mon léger bruit.

J’endors la blanche tourterelle
Sur l’ormeau que berce mon vol,
Et je porte à l’écho fidèle
Les doux sanglots du rossignol.