Page:Bulletin de la Commission départementale des monuments historiques du Pas-de-Calais, tome 6, 1935.djvu/184

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tuniques de soie bleue brochées de fleurs de lis en or. Cet ornement, qui étoit riche autrefois, sert encore tous les ans, malgré sa vétusté, au prêtre, au diacre et au sou-diacre qui chantent la messe le jour de St Louis  » (p. 65).

Vers la même époque (p. 66), « Pierre de Gouy-Servin et Witasse, dame de Hamelincourt, firent bâtir à leurs frais une petite chapelle contre l’église de Saint -Eloy, qui étoit dédiée à Sainte Marie-Magdelaine, où ils voulurent être enterrés et donnèrent une grande partie de bien, à la charge de deux messes par semaine, dites pour le repos de leurs âmes, fondation qui se décharge encore exactement aujourd’hui  ».

Etienne du Fermont (de Firmomonte), abbé de 1275 à 1291 (p. 70), « fit bâtir en grande partie les murs de l’enclos de l’abbaye, qu’avoit commencés l’abbé Hugues environ l’an 1140. Ces murailles, qui subsistent encore aujourd’hui, sont mi-parties de grés et de pierres blanches, flanquées de jambes de force très solides et presque aussi hautes que la muraille. Cette enceinte qui, à ce que l’on dit, est assez grande pour contenir la ville de Béthune, renferme quatre vingt mesures trente six verges de terre, selon le mesurage qu’en a fait Maître Jean Cochet, arpenteur juré en 1629. Le Prince Eugène et le duc de Malbouroug étant venu[s] à Saint-Eloy après la prise de Béthune en 1710, le Prince se promenant dans l’abbaye avec quelques religieux, leur demanda ce qu’ils trouvoient de plus beau dans leur maison, qui n’étoit alors qu’une masse énorme de grés environnée de tours. Le Prince Eugène, sans attendre leur réponse, leur dit : C’est votre enceinte, Messieurs, c’est votre enceinte. En effet, si l’on excepte cette enceinte, il n’y a plus pour ainsi dire aujourd’hui (1786) une pierre de l’ancienne maison de Saint-Eloy, qui ne soit changée de place ».

Michel d’Alennes, abbé de 1388 à 1424, « orna son église d’un grand chandelier de cuivre, qui pesoit 2.580 livres ; il n’existe plus » (p. 89)[1].

L’abbé Jean Pingrelem (après 1482) fit rebâtir l’église de la paroisse (p. 101).

Antoine de Coupigny (1487-1520) fut un somptueux prélat et un ami des arts (p. 103). « Il fonda en l’honneur de la Sainte Vierge une messe quotidienne, qui se disoit autrefois dans la cripte ou église basse de l’ancienne église, à l’autel de la Vierge, qu’il avoit fait privilégier. A cet autel étoit une grande statue de la Sainte Vierge, qui est à présent dans le sanctuaire de la paroisse, dans une niche pratiquée dans la muraille du côté de l’Evangile... Il fit aussi fabriquer une belle statue de la Vierge en argent, ornée de pierrerie. - On donna cette statue pour fondre, à l’orphèvre qui fit le tabernacle qui est dans notre église. On ignore si l’orphèvre l’a vendue, mais tout le monde disoit : C’est dommage de la fondre, tant elle est belle ».

« Il avoit fait peindre un grand tableau sur bois qui représentoit les Supplices des Dix mille Martyrs. On alloit encenser ce tableau le jour de la fête de ces Saints dont l’abbé Coupigny avoit fait un office double, qui n’est plus que semi-double ».

« Cet abbé avoit aussi fait sculter en pierre un Sépulchre qui n’existe plus. On y faisoit une station certains jours pendant la procession ».

« Ce fut lui qui acheta notre bel ornement violet et ce fut par ses ordres et avec son assistance que Jean de Nédonchel, prieur d’Aubigny et son parent, fit faire la châsse d’argent qui renferme les reliques de St Killien... ».

« Il fit deux fois réparer magnifiquement le clocher de son église endommagé par le tonnerre ; il y fit déposer plusieurs reliques de saints et une parcelle de la Vraie Croix, pour le préserver d’accidens semblables »[2].

  1. Cf. Cardevacque, p. 65.
  2. Ces détails complètent ceux que donne Cardevacque, p. 77 et sq