Page:Bulletin de la Commission départementale des monuments historiques du Pas-de-Calais, tome 6, 1935.djvu/185

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Quant aux travaux de l’abbé Jean de Feuchy (1523-1542), on peut compter (p. 112) : « le moulin qui se voit encore (1786) dans l’enclos ; tous les batimens depuis la chambre du portier jusqu’à celle du dépensier ; le dortoir... Il embellit d’un pignon, qui subsiste encore aujourd’hui, le puits de la maison. Ce puits... ne tarit jamais dans les plus grandes sécheresses [et a] plus de 250 pieds de profondeur ; la corde qui sert à tirer l’eau a 66 toises de longueur ;... trente piés de maçonnerie en grés ; le reste est percé dans la pierre blanche... Ce puits a toujours environ dix piés d’eau, et à fleur d’eau il y a une chambrette dans laquelle se rend celui qui veut en retirer une selle quand la corde se casse ou quand on veut nettoyer le puits. Celui qui y descend dans le besoin a une rasière de bled pour récompense »[1].

En 1551 d’après Cardevacque, en 1554 ou 1555 d’après Dom Wartel, « Villebon, capitaine françois[2], s’étant emparé de l’abbaye, il en fit remplir les batimens de fagots et brûla toute la maison, excepté l’église et le dortoir. Le prieuré d’Aubigny subit le même sort et deux religieux y périrent misérablement dans les flammes avec grand nombre d’habitans ; tristes représailles de la destruction de Terrouane »[3].

« L’abbé de Le Ruelle fit de grandes réparations à son église qui menaçoit ruine ; il y plaça un bel orgue et une horloge dans le clocher. Il fit de plus bâtir un beau refuge à Arras dans sa seigneurie de Chaulnes »[4]. (p. 120).


En 1597, « l’abbé Duquesnoy (1592-1624) fit bâtir à la hâte une sorte de lazaret au fond du parc de sa maison, qui subsiste encore sous le nom de chapelle de Saint-Roch. C’est un petit bâtiment composé de deux places à cheminées et d’une chappelle dans le milieu, dans laquelle on alloit chanter la messe de Saint Roch le 16 d’août, jour de la fête de ce saint. - L’embarras de porter à la chapelle de Saint-Roch tout ce qu’il falloit, pierre d’autel, linge, ornemens, etc., fut une raison suffisante pour ne plus aller chanter la messe dans la chapelle Saint-Roch qui contenoit à peine toute la communauté » (p. 131) (5).[5]

« Il fit bâtir le chœur de Rebreuves, une grande maison vis-à-vis l’église de St-Aubert à Arras, etc. » (p. 132).

François Doresmieux, abbé de 1625 à 1639 (p. 139), « orna son église avec des autels de bois doré, qui représentoient par quantité de figures toutes les circonstances de la Passion du Sauveur et d’autres mystères. C’étoit autrefois des magnificences que ces décorations qui coûtoient beaucoup, mais que le laps du temps faisoit tomber en canelle. Il fit du plus solide en donnant aux chantres des bâtons d’argent qui durent encore, quoi qu’ils ne soient pas d’une structure bien élégante ; l’ornement de toile d’argent, deux chappes, une chasuble et deux tuniques aux armes de cet abbé, sert encore aujourd’hui, quoi qu’il soit fort fripé ». Il composa une chronique du monastère, que Cardevacque paraît avoir consultée, car il la cite parfois, rarement d’ailleurs.

Sous le cardinal d’Estrées, abbé commandataire de 1685 à 1714 (p. 158), « M. le



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  1. La rasière d’Artois est de 150 litres, je crois.
  2. Jean d’Estonteville, seigneur de Villebon. C’est à tort que Cardevacque le nomme Jean de Conteville (p. 87). Le personnage est bien connu. Cf. Ph. des Forts, Le château de Villebon ; Paris, 1914, in-4o ; et G. de La Morandière, Histoire de la maison d’Estouteville ; Paris, 1903, in-4o.
  3. Cette phrase prouve que les exploits de Villebon datent de 1553 au plus tôt.
  4. Ce beau Refuge, hélas ! tombe en ruine depuis les bombardements allemands.
  5. Cf, Cardevacque, p. 96.