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voyage de m. lemaire dans l’androy.

La région est riche en moutons qui valent de deux à trois brasses de mauvaise toile l’un, c’est-à-dire de 1 fr. 25 à 2 francs. Non loin de la côte, il y a des bois où l’on trouve des arbres à caoutchouc, qui ont été à peu près inexploités jusqu’à ce jour.

Il ne faut pas moins, dit-on, de trois jours de marche du Faux Cap au Cap Sainte-Marie, où commande encore Tsifanihy, le même chef que j’y ai vu en juin 1866 lors de mon premier voyage dans le sud de Madagascar. Les traitants qui y étaient établis, ont été pillés, il y a environ trois ans ; avant d’abandonner son établissement, l’un d’eux disposa une mèche dans le but de faire sauter sa provision de poudre, ce qui eut lieu en effet pendant qu’il gagnait son navire ; avec l’établissement, sautèrent les pillards occupés à voler les marchandises. Depuis cette époque, aucun Européen n’est retourné sur ces lieux ; M. Lemaire, qui projetait de s’y rendre, dut renoncer à ce voyage à cause d’accès de fièvre violents auxquels il fut en proie au Faux Cap.

Le retour s’opéra en suivant la mer pendant près de quatorze heures, jusqu’au pays de Sevohitra ; cette côte est formée par des bancs de roches qui se découvrent à basse mer sur une largeur variable de 20 à 1400 mètres et sur lesquels reposent des dunes hautes de 30 à 40 mètres, puis, en avançant vers l’est, des collines d’une centaine de mètres, toutes couvertes de broussailles épineuses. Regagnant alors Ilanja, M. Lemaire suivit le même chemin qu’à l’aller, et arriva à Fort-Dauphin après trente-six heures un quart de marche (depuis le Faux Cap).

C’est un voyage difficile et dangereux qu’a accompli M. Lemaire et qui nous fait connaître un pays jusque-là inexploré. Nous lui devons donc des éloges et je suis heureux, pour, ma part, de lui adresser mes vives et sincères félicitations.