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voyage de m. lemaire dans l’androy.

Au sortir d’Ankilimamy, M. Lemaire gravit la chaîne de collines qui limite de ce côté la vallée du Mandrary et marcha, dans la direction de l’ouest, à travers une plaine mamelonnée qui descend en pente douce vers le sud jusqu’aux dunes de la côte. En une heure et demie, il arriva au village de Manomby, en plein pays androy, et, une heure vingt minutes après, à celui d’Isamby. Tous les villages antandroy sont cachés au milieu d’une ceinture de nopals tout hérissés de leurs puissantes et dangereuses épines ; la population paraît être assez dense dans cette région et n’a pas l’air farouche de celle des bords du Mandrary ; mais sa saleté défie toute description, et M. Lemaire, qui avait permis à l’un des chefs de marcher pendant assez longtemps à ses côtés, la main dans la main, le regretta vivement lorsqu’il vit le lendemain sa main enfler et se couvrir de boutons qui le firent souffrir pendant plusieurs jours. Le manque d’eau explique cette saleté qui engendre la gale et les plaies hideuses dont la plupart des indigènes sont couverts ; leurs yeux chassieux sont d’ordinaire entourés de mouches qu’ils ne cherchent même pas à chasser. Les œufs couvés sont l’un de leurs principaux régals. Les Antandroy adultes ont pour tout vêtement, autour du corps, une guenille crasseuse toute en loques qu’ils ne conservent pas, du reste, dans leurs cases, surtout lorsqu’ils sont accroupis auprès du feu ; quant aux enfants, ils vont tout nus. Quelques-uns ont les cheveux lisses, comme les Hova. Le sol du village n’est qu’un fumier nauséabond. Ils sont toujours en guerre les uns avec les autres et chaque famille est, pour ainsi dire, emprisonnée dans les étroites limites de son petit domaine.

Un des nombreux chefs qui se partagent la souveraineté de l’Androy, Imiha, mena M. Lemaire en une heure un quart à Ilanja, d’où l’on aperçoit la mer à l’horizon. À mesure que l’on avance vers l’ouest, les buissons de nobals deviennent plus denses et les champs se font plus rares.