Page:Bulletin de la Société archéologique du Finistère, Tome 19, 1892.djvu/116

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il rencontra encore La Courbe, auquel on avoit mis les clefs de Conquerneau en main ; ce que voyant il luy dit, comme il avait fait du prisonnier : que les clefs lui appartenoient : ce que lui ayant avoué encore le dit La Courbe, il le pria néantmoins de luy permettre de les porter de sa part à Monsieur de Vendosme, ce que La Besne avec courtoisie consentit, et fut entre eux accordé qu’il les lui présenteroit de la part de tous deux.

Cependant que La Courbe alloit porter les clefs à Monsieur de Vendosme, La Besne qui ne desiroit perdre temps, ayant crainte que les assiégez changeassent de volonté, tira quarante mousquetaires et picquiers de sa troupe, avec lesquels il s’approcha tellement qu’il se jetta avec eux dans le gros bastion du pont de la ville : ceux de dedans se voulans défendre il ne leur en donna pas le temps, les ayant surprins de telle façon quil leur fit mettre armes bas : ce faict, il passa du ravelin dans la ville, par une planchette qui ne paraissoit point, laquelle il trouva abatüe, et fit mettre armes basses à ceux de la ville, faisant tenir deux heures les siens en bataille, sans quitter leurs rangs ny rien piller, en attendant Monsieur de Vendosme et sçavoir sa volonté. La Besne ayant sceu qu’il arrivoit avec M. le mareschal de Brissac lui alla au devant jusques au bout du pont. A l’abbord Monsieur de Vendosme lui dit qu’il ne vouloit pas qu’il entrast aucun soldat dans la place, et qu’on alloit faire leur capitulation ; mais La Besne l’assura qu’il avoit mis les soldats de dedans en tel estat qu’il ne leur falloit qu’une corde au lieu d’une capitulation signée : ce que le mareschal de Brissac ayant entendu, dit à M. de Vendosme que La Besne avoit faict son devoir de s’emparer de la place de la façon : et à la mesme heure on fit le procès à Querchesne, lequel fut pendu à une potence devant la porte du pont.