Page:Bulletin de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale, tome 52, 1853.djvu/575

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« Il rappellera deux mémorables décrets rendus au milieu des camps, alors que le canon ennemi retentissait encore, et qui démontrent que le grand monarque faisait reposer les éléments de sa puissance non-seulement sur la force et le dévouement de l’armée, mais aussi sur les sources de travail et de richesse que donne le développement de l’industrie agricole et manufacturière.

« En encourageant, par des récompenses nationales, la création, en France, de la filature mécanique du lin et de la fabrication du sucre de betterave, comme il l’avait fait pour la filature du coton et le tissage, Napoléon avait pressenti toute l’influence que les industries nouvelles pouvaient exercer sur notre agriculture.

« Disons que, plus tard, lorsque le sucre indigène avait grandi et portait déjà ombrage à la production tropicale, alors que la pensée de l’interdiction de cette industrie en France avait surgi et trouvait, au pouvoir même, de nombreux appuis, un autre Napoléon, mû par une rare intelligence des intérêts directs de la France, écrivit en faveur de l’industrie nouvelle des pages chaleureuses que ce pays a recueillies avec bonheur.

« Il était donné à l’héritier de ce grand nom de pouvoir, en parcourant nos campagnes et nos usines, s’assurer si les espérances de Napoléon Ier ont été déçues.

« Les progrès industriels accomplis par nos laborieuses populations ont pu convaincre Sa Majesté combien il est impossible d’assigner un terme à la perfectibilité humaine.

« Que ne pouvons-nous, Messieurs, évoquer la grande ombre pour la faire assister un instant au spectacle si animé que présente cette partie de la France, où la population est la plus concentrée, et où règne partout l’aisance, où le père de famille voit sans crainte s’augmenter le nombre de ses enfants, où les bras manqueront bientôt au travail !

« Il n’est pas de souvenir de sa gloire des grands jours de Marengo et d’Iéna qui eût valu une pareille puissance ; est-il une conquête de l’empire qui ait laissé des résultats plus féconds et plus durables que ceux obtenus par la protection dont l’empereur a entouré le travail ?

« Lorsque Napoléon Ier " écrivait son décret de Bois-le-Duc, pouvait-il espérer qu’en moins d’un demi-siècle la filature mécanique du lin compterait soixante grands établissements dans une seule ville ; qu’un seul département, en faisant mouvoir 230,000 broches, produirait annuellement pour une valeur de 35 millions de lin filé et occuperait à ce travail 12,000 ouvriers ?

« Tel a été cependant le résultat des incitations du pouvoir, et je suis heureux de le signaler dans cette enceinte, en présence des héritiers de Philippe