Page:Bulletin de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale, tome 52, 1853.djvu/577

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isoler dans cette enceinte ce grand nom du souvenir des hommes qui, s’identifiant avec les idées de l’Empereur, ont pris une part active à l’illustration de son règne ?

« Pour compléter son œuvre de la reconnaissance industrielle, la chambre de commerce a décidé que la statue du grand législateur serait entourée de monuments destinés à rappeler le nom des hommes qui, pendant son règne, ont le plus contribué au développement et au perfectionnement de l’industrie humaine, des grands inventeurs en faveur desquels la reconnaissance des populations a souvent été trop tardive.

« En donnant pour cortége à Napoléon Ier les Jacquard, les Philippe de Girard, les Berthollet, les Leblanc, la chambre a voulu résumer dans cette enceinte tout ce que la protection du pouvoir a donné de bien-être au travail, et tout ce que le travail a donné à la France d’éléments de richesse et d’indépendance.

« À ceux qui s’étonneront que dans ce cortége, au milieu des grands industriels, figurent des savants les plus éminents de l’époque, je répondrai : « Pourquoi est-ce aujourd’hui un grand événement dans le monde lorsqu’un homme comme Cuvier, et, pour prendre un deuil tout récent, comme Arago, descendent dans la tombe. — Pourquoi ?

« C’est qu’on commence, Messieurs, à apprécier la valeur des grands penseurs ; c’est qu’en rapprochant la théorie de la pratique on ne dédaigne plus les études abstraites qui révèlent quelque ressort caché dans l’admirable combinaison des rouages où la Providence nous a placés.

« Il n’est pas d’hommes aux idées plus abstraites qu’Ampère, et certes on ne saurait, au premier aperçu, à quel titre il prendrait place dans le Panthéon de l’industrie, et cependant ses travaux ont donné ouverture à la télégraphie électrique, à ce prodigieux moyen de transport de la pensée qui est devenu pour le commerce et l’industrie un si puissant auxiliaire.

« L’Empereur Napoléon III, dont les vues sont si pratiques et les actes si immédiatement utiles, a bien pressenti ce qu’il pouvait y avoir encore d’avenir dans la voie d’expérimentation ouverte par nos physiciens, en offrant un prix de 50,000 francs pour les applications industrielles de l’électricité.

« Il y a un demi-siècle, une pareille proposition eût paru un rêve. — Un rêve, Messieurs, par le temps qui court, avec l’intelligence humaine, qui, au lieu de s’épuiser dans des discussions politiques, est dirigée vers les améliorations sociales, c’est la veille de la réalité.

« Déjà ne voyez-vous pas la chaîne du métier à la Jacquard s’animer sous le courant électrique sans le secours des cartons, dus à l’invention de l’immortel artisan ? Demain, oui, demain, ce ne sera plus la pensée seule qui se