Page:Bulletin de la fédération des sociétés d'horticulture de Belgique, 1860.djvu/141

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« Mais pour faire un emploi judicieux de tant de richesses pomologiques, de bons jardiniers sont indispensables, et nous devons bien l’avouer, ils sont rares, nous n’avons guère sous ce nom, que des coupeurs d’arbres, étrangers à toute notion de physiologie végétale. Le plupart travaillent par routine. Les pratiques perfectionnées introduites par la science, leur sont inconnues. Ils ne sont que trop fréquemment cause par leur ineptie, de la perte ou de l’infertilité des arbres, ce qui décourage les propriétaires.

« Ce serait donc une mesure éminemment utile, que la création d’un bon enseignement dans cette branche de connaissances : il est nécessaire du reste, que les professeurs soient praticiens autant que théoriciens. On ne fera de bons élèves en ce genre, qu’en démontrant les principes, la serpette à la main.

« Si le gouvernement était convaincu de la nécessité de mettre cette partie de nos cultures dans la voie du progrès, il serait non moins nécessaire, selon nous, d’adopter en outre les mesures suivantes :

« Nommer une commission de Pomologie, composée de personnes connues dans leurs provinces par leurs travaux et leurs études en ce genre. Cette commission serait investie des attributions suivantes.

« 1° Proposer au gouvernement les moyens d’organiser un bon enseignement sur la matière ;

« 2° Examiner les divers procédés de culture et de taille des arbres, qui peuvent convenir à la Belgique pour être propagés par l’enseignement.

« 3° Rassembler et coordonner les matériaux et renseignements nécessaires, afin de rédiger une Pomologie Belge, comprenant les espèces et variétés fruitières avantageuses à notre climat, et l’emploi le plus convenable de chacune d’elles, soit dans la grande culture et les vergers, soit dans les jardins ;

« 4° Organiser des expositions centrales de fruits, dans des combinaisons propres à répandre le goût et les connaissances de ce genre dans le public.

« Il conviendrait de choisir les membres de la commission dans les diverses parties du pays ; de ne leur offrir aucun traitement, tant pour ne pas grever le budget, qu’afin de ne pas exposer le gouvernement aux sollicitations de tant d’hommes, auxquels toutes les places rétribuées conviennent, et qui se croient modestement aptes à les remplir toutes ; il ne sera pas difficile sans doute, de trouver des hommes capables, assez amis de leur Pays, pour lui consacrer un travail gratuit, en considération du bien qui doit en résulter.

« Cette question est d’autant plus digne de la sollicitude et des méditations du gouvernement, qu’elle fait partie d’un sujet plein d’actualité, l’affaire des subsistances.

« Depuis plusieurs années, la hausse continue des denrées alimentaires, en présence de la stagnation dans le prix des journées d’ouvriers,