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capitale sous Philippe le Bel et les fêtes qui y furent données, il faut au moins signaler les travaux effectués au Palais et qui le transformèrent. L’extension des services administratifs obligea le roi à beaucoup développer l’antique demeure de ses aïeux, afin d’abriter ces services, leurs comptes et leurs archives. Les expropriations effectuées entre les années 1292 et 1296 dans les rues de la rivière Jean-le-Cras et de la Barillerie, place Saint-Michel et à l’Orberie, montrent que, dès avant 1293, les travaux furent commencés sans doute du côté de la place Saint-Michel. Poussés activement, une grande partie était déjà terminée en 1304 ; mais, à la suite de la crise monétaire ils subirent une interruption. Repris en 1307, ils furent achevés en 1313, lors des fêtes qui inaugurèrent la grande salle[1].

Sous le règne de Philippe le Bel, de nombreuses assemblées furent réunies dans la capitale, les unes pour répondre aux prétentions de Boniface VIII, les autres pour chercher des remèdes à la crise financière[2]. À la suite de la bulle Ausculta fili du 5 décembre 1301, dans laquelle Boniface VIII proclamait la suprématie du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel, Philippe le Bel convoqua les trois ordres à Paris pour le dimanche avant les Rameaux, soit le 8 avril 1302. Ils se réunirent à Notre-Dame le mardi 10 avril. Cette assemblée fut nombreuse. Philippe fit exposer les prétentions du Saint-Siège par Pierre Flote, puis dit qu’il voulait conserver l’indépendance du royaume et demanda aux trois ordres l’appui de leurs conseils. Robert d’Artois, au nom de la noblesse et des députés des bonnes villes, se déclara prêt à défendre les droits du roi ; le clergé demanda un délai pour réfléchir et l’autorisation d’aller au concile de Rome, ce qui lui fut refusé.

Une autre assemblée se tint encore à Paris le 12 mars 1303, dans laquelle Guillaume de Nogaret accusa Boniface VIII d’hérésie, de simonie, de corruption de mœurs et demanda la convocation d’un concile général pour le déposer. Le 13 juin, une grande assemblée se tint de nouveau au Louvre, en présence du roi, dans laquelle le comte d’Évreux, le comte de Saint-Pol, le comte de Dreux et Guillaume de Plasian se plaignirent de la façon dont Boniface gouvernait l’Église, et le lendemain 14, après la lecture d’un mémoire de Guillaume de Plasian, on en appela à un futur concile. Il y eut encore le 24 juin une

  1. Voir Borrelli de Serres, L’agrandissement du palais de la Cité sous Philippe le Bel, dans Mémoires de la Société de l’Histoire de Paris et de l’Île-de-France, t. XXXVIII, et Émile Clairin, Les agrandissements du Palais sous Philippe le Bel, Paris, 1913, Bibliothèque de l’Occident.
  2. H. Hervieu, Recherches sur les premiers États-Généraux, p. 69 à 110, et Georges Picot, Documents relatifs aux États-Généraux et assemblées réunis sous Philippe le Bel.