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170 autres nobles[1]. À cette cérémonie, qui se fit à Notre-Dame, furent présents, avec Philippe le Bel, Isabelle, sa fille, reine d’Angleterre, et Édouard II, son gendre, roi d’Angleterre. À cette occasion, de grandes fêtes se déroulèrent à Paris, que Geoffroi de Paris nous a racontées dans sa Chronique rimée[2] et sur lesquelles les Grandes Chroniques s’étendent longuement[3]. Comme elles le disent, Paris fut « encourtiné sollempnelment et noblement, et fu faite la plus sollempnel feste et belle » que l’on n’ait pas vue depuis longtemps.

Le mercredi après la Pentecôte, soit le 6 juin, le cardinal Nicolas, délégué du pape, prêcha la croisa dans l’île Notre-Dame, aujourd’hui l’île Saint-Louis, qui, pour la circonstance, avait été réunie à la Cité à l’aide d’un pont de bateaux large de quarante pieds que les Parisiens avaient établi le lundi et le mardi précédents. Là, Philippe le Bel, avec son gendre, le roi d’Angleterre Édouard II, et un grand nombre de nobles, reçut la croix des mains du cardinal. Le lendemain, jeudi 7 juin, les bourgeois et les métiers de Paris, richement vêtus et parés, les uns à cheval, les autres à pied[4], avec trompes, tambours, trompettes et timbales, vinrent à l’île Notre-Dame, puis, de là, ordonnés par métiers, allèrent, jouant de leurs instruments, défiler devant le palais nouvellement reconstruit, où étaient avec Philippe le Bel, Édouard II, roi d’Angleterre, Louis, roi de Navarre, et de nombreux princes et barons, pour assister à leur défilé. Après le dîner, soit après midi, ils allèrent dans le même ordre à Saint-Germain-des-Prés et au Pré-aux-Clercs, où se trouvaient Isabelle, reine d’Angleterre, avec son mari Édouard II et plusieurs dames et demoiselles qui les virent passer du haut d’une tourelle. Le montant des frais de cette fête s’éleva[5] à 32,263 livres parisis.

Si Paris fut quelquefois animé par de grandes fêtes, il fut aussi secoué par une forte émeute à la fin de l’année 1306[6]. Philippe le Bel, par une ordonnance du 8 juin de cette année[7], venait de rétablir la bonne monnaie du poids et de la loi du temps de saint Louis. De cette ordonnance, il résultait que le numéraire en circulation serait dépré-

  1. Ludewig, Reliquiae manuscriptorum, t. XII, p. 48 à 60.
  2. Rec. des hist. de France, t. XXII, p. 135 à 138.
  3. Éd. J. Viard, t. VIII, p. 287-290.
  4. « À cheval bien furent xx. m. Et à pié furent xxx. m. » (Chronique rimée).
  5. La France sous Philippe le Bel, p. 274. Boutaric indique la somme en livres tournois, mais le compte la donne en livres parisis (Ludewig, op. cit., p. 60).
  6. Chronique parisienne anonyme, dans Mémoires de la Société de l’Histoire de Paris et de l’Île-de-France, t. XI, p. 18-20, et Grandes Chroniques, éd. J. Viard, t. VIII, p. 250-252.
  7. Ord., t. I, p. 441.