Page:Bulletin de la société des historiens du théâtre, année 2, n°1-2.djvu/13

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Kalverstraat (rue des Veaux) doit en être couvert et les murs décorés autant que possible de draperies aux couleurs de France». Pour stimuler l’enthousiasme médiocre des habitants d’Amsterdam, il est arrêté dans le programme des « Fêtes et Réjouissances publiques que dans cinq quartiers divers de la ville on fera des distributions gratuites de vin et de « comestibles cette distribution se fera sous forme de loterie 20.000 billets seront distribués. Il y aura des spectacles gratuits aux théâtres Français et Hollandais. Une somme de 1.000 francs sera payée à chacune des directions à titre d’indemnité. Pour l’organisation du spectacle de Talma et ses camarades, MM. les Préfets agirent à peu près comme en pays conquis. Le 23 septembre t8) t, de Celles mettait à la disposition de la direction du Théâtre Français d’Amsterdam qui devait arranger les représentations de ses confrères de Paris, la salle, les costumes et les décors du Théâtre Hollandais, théâtre provisoire en bois, construit sur le Leidsche Plein, après l’incendie de 1772 qui avait détruit l’ancienne salle des comédiens hollandais. La troupe française jouait ordinairement dans son théâtre situé près de l’Amstel, sur le Marché aux Pois. !t fut, à la vérité, prescrit de ne pas faire cesser tout à fait les représentations de la troupe néerlandaise, mais elle ne recevrait aucune indemnité. C’était en user bien cavalièrement à l’égard d’une troupe de valeur comme celle des Hollandais. Elle comprenait en effet quelques-uns des plus célèbres comédiens du temps la grande tragédienne J.-C. Wattier, femme de l’architecte B. W. Ziesenis Andries Snoek, admirable tragédien également Th.-J. Majofski. Elle avait perdu en 1805 l’Anglais Ward Bingley, qui jouait ses rôles aussi facilement en français qu’en hollandais, et qu’un critique d’art contemporain regardait comme le plus grand acteur qu’il eût connu. C’est à lui que Johannes Jelgerhuis avait succédé. S’il 1 avait, lui comme ses camarades, éprouvé quelque humeur contre les intrus, faudrait-il s’en étonner ?

S’il fallait en croire la presse, les représentations auraient été un triomphe. pour les souverains. Le t octobre, le bruit avait couru que l’empereur et l’impératrice assisteraient à la représentation on ne fut détrompé qu’à neuf heures du soir. Un collaborateur du Courrier d’Amsterdam nous peint en ces termes la déception publique

« Quelque chagrin que m’ait fait ce contretemps, en y réfléchissant bien, j’y trouve un sujet de joie certes, l’empereur ne nous aurait pas privés de sa présence s’il n’avait eu que peu de jours à nous accorder,