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Quand la doctoresse Mensendieck veut apprendre au danseur, selon l’expression de M"~ Lund Bergman, à conduire ses muscles comme le chef d’orchestre ses musiciens ette met en pratique une idée de Noverre, qui réclamait un enseignement rationnel de la danse fondé sur une anatomie exacte. Après que M. Prunières eut montré le ballet romantique devenant, de Taglioni à Saint-Léon, de plus en plus expressif, le prince Serge Wolkonshy, et après lui M. Staats, démontrèrent, non sans humour, que le geste est. en effet, une langue, ayant une syntaxe précise. que certains massacrent à grand renfort de solécismes, ou parlent sur un ton vulgaire et sans goût.

Qu’est-ce que cet emploi des marcheuses, si proches des « danseuses figurantes du XVUI~ siècte ? Qu’est-ce que ces ensembles comme Excelsior, où M. Quinaut raitta l’usage abusif des tabourets ? Qu’est-ce là, sinon la persistance et comme la parodie involontaire du vieux brando italien, dont les figures géométriques sont à t origine du ballet de cour ? Et les danses acrobatiques, les danses portées les plus audacieuses d’aujourd’hui, ne sont-elles pas apparentées à ces numéros de gymnastique, si proches parfois de nos spectacles de music-hall, que M. Prunières signale dans les ballets au début du XVH*~ siècte ? On voudrait donc connaître en détail tout le passé de cet art chorégraphique mais tout le monde, ou peu s’en faut, déplore la rareté et l’insuffisance des documents. H est douloureux, tragique », dit M. Haraszti, de ne plus pouvoir rendre à un Noverre l’hommage qu’il mérite le tort que lui causèrent son caractère difficile, son insuffisante sobriété, les cabales de rivaux tout-puissants, la valeur même de ses conceptions hardies, et jusqu’à la fécondité de son enseignement, qui lui valut nombre d’élèves brillants et ingrats, tout ce dommage est irréparable dans une large mesure, parce que nulle notation précise ne permet de faire revivre son œuvre.

Chose étrange, cette pénurie documentaire n’est pas fonction de l’éloignement. Nous sommes mieux renseignés sur les ballets dansés à la cour de Louis XIV que sur le style de Fanny Essler ou de Cerito. C’est qu’au xv[t~ siècle, les dessinateurs qui représentaient une entrée avaient coutume de donner à chaque personnage une attitude particulière correspondant à l’une des poses, à l’un des temps de la danse à telles enseignes qu’un professionnel pourrait, au moyen de ces estampes, reconstituer le pas qu’elles représentent M. Staats, illustrant la conférence de M. Le Flem, les a reproduits sous nos yeux. Mais, pour les étoiles d’il y a seulement cent ans ? Mais pour les