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de nous être enlevé. D’aucuns, au premier abord, le trouvaient froid, car il n’aimait guère les mots inutiles et les protestations vaines. Laconisme d’homme d’affaires ? Il se peut. Réserve et comme repliement un peu austère d’une âme très fortement marquée par l’éducation religieuse ? C’est plus probable. Toujours est-Il que c’était là tout au plus une apparence dès qu’il avait découvert, même chez ’des novices, tant soit peu de curiosité sincère pour les études qui le passionnaient, quelle sympathie agissante et chaleureuse Comme il dispensait généreusement, avec les trésors de sa bibliothèque, l’Inestimable richesse de son amitié 1

Quoi qu’on fasse, on ne pourra parler de lui sans que le verbe aimer revienne et s’impose, car c’est là le secret profond de son œuvre la noble tâche à laquelle il s’est donné, durant près d’un demi-siècle, avait été choisie par amour, uniquement. Fils et petit-fils de banquiers, Auguste Rondel, né en t858, entré onzième à Polytechnique en 1878, prenait, à vingt-trois ans sa part dans la gestion des affaires paternelles et, lorsque, le 9 juin 1918, il prenait séance à l’Académie de Marseille, M. José Silbert, directeur en exercice, rendait hommage à cette activité d’administrateur qui s’était, pendant la guerre, montrée plus précieuse que jamais. Rien donc, suivant la plate logique, ne semblait le prédestiner à prendre, dans l’érudition théâtrale, une place d’honneur. Si, pourtant Son grand-père, qui dirigea la succursale marseillaise de la Banque de France pendant la Restauration, était un amateur passionné de théâtre, et les descendants ont hérité des goûts de t’aïeui c’est l’un d’eux qui nous communique ce détail, M. de Courville, fervent musicologue tui-même, et père des créateurs de la Petite Scène. Auguste Rondel fut entramé lui aussi par cette