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qui était tout à fait impossible, ainsi qu on vient de le démontrer. Il n’en fit pas moins enfoncer cette porte avec violence par les Gardes du Corps qui y entrèrent au nombre de plus de 30 et dont plusieurs avaient l’épée nue.

Dans la salle au-dessus, au second, étaient plusieurs citoyens qui s’amusaient pendant la Comédie, entre autres, le Sr. Lecomte, greffier de l’Election, les Srs. Munier et Nantier, secrétaires de l’Intendance, et le Sr. Gossart, avocat, ancien échevin. Le bruit qui se faisait sous eux les fit descendre par l’escalier du café ils n’étaient pas encore en bas qu’ils se trouvaient saisis et arrêtés par des Gardes du Corps quatre se jetèrent sur le sieur Lecomte, d’autres sur ceux qui étaient avec lui le Sr. Lecomte fut maltraité au point qu’il eut son habit déchiré en lambeaux, depuis le haut jusqu’en bas. Le Sr. Nautier fut menacé de lui passer l’épée à travers le corps ils demandaient en vain à être entendus. A la fin, M. l’Intendant qui était au spectacle, étant sorti de sa loge, fit relâcher ses deux secrétaires, et le Sr. Lecomte fut remis entre les mains de la maréchaussée. Ceux des spectateurs qui étaient sortis au bruit redoublé furent étonnés de voir des citoyens arrêtés avec tant de violence et d’irrégularité.

Le Sr. Lecomte a un fils unique, à peine âgé de vingt ans, encore au collège à Paris il était en vacances chez son père et se trouvait au parterre il était sorti comme les autres pour tâcher de savoir de quel danger on était menacé. II aperçoit son père dans les mains de ceux qui le tenaient, dans le désordre de ses vêtements déchirés le jeune homme s’élance en s’écriant dans les bras de son père il veut le dégager il demande de quoi il est coupable on le repousse chacun est touché de la sensibilité qui l’affecte. Enfin M. Lecomte père parvient à parler à M. de Vilaines et à lui faire entendre qu’il ne savait ni ce qu’on lui imputait, ni ce qui s’était passé dans le cabinet de la glace cassée, puisqu’il n’était pas à la Comédie. On le relâche, il est obligé d’envoyer chercher d’autres habits dans sa maison pour pouvoir sortir décemment. M. le Maire avait été requis de se transporter à la Comédie, il s’y y était rendu. Comme il interrogeait le cafetier pour savoir comment les choses s’étaient passées, M. de Vilaines qui y était, lui demanda d’abord pourquoi il était là. H ajouta que tout ce qu’il prétendait faire était inutile, par la raison qu’il allait lui dire. II emmène M. le Maire dans la rue et lui dit que tout était terminé, parce que celui qui avait cassé la glace était enfin connu. M. le Maire lui demanda si tout était aussi terminé avec les citoyens insuftés à quoi M. de Vilaines répondit qu’il ne s’agissait que d’un habit déchiré, que cela s’arrangerait aisément.