Page:Bulletin de la société des historiens du théâtre, année 2, n°5-6.djvu/9

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Vous ne l’ignorez pas c’est là que les maris Vivent d’intelligence avec les favoris; Que la femme y bravant la contrainte fatale, Est prude avec renom, coquette sans scandale. Le ton est beaucoup plus vif dans la parodie manuscrite Avez-vous oublié ces charmantes contrées, Où de cent étourdis les filles adorées, Ayant à peine atteint l’âge de quatorze ans, En donnent à garder à dix ou douze amants? p Quel plaisir! Je le sais par mon expérience. Plus loin Fatime s’efforce de dégoûter Zaïre du sérail d’Orosmane, et voici en quels termes

Qoi, vous voulez rester dans ce maudit sérail. Où le plaisir de plaire est pour nous un travail, Où, pour ravigoter un Turc sans politesse, Par crainte nous feignons d’avoir de la tendresse. L’auteur fait abondamment appel à certaines particularités du sérail pour amuser son auditoire en congédiant Nérestan, Orosmane lui dit Oui, crois-moi si tu veux conserver ta perruque, Pour peu que ton cœur craigne une charge d’eunuque, Sors, et que le soleil levé sur mes Etats Chez moi, demain matin, ne te retrouve pas. Dans la scène 7, qui correspond à Il, 2 de Voltaire, Zaïre, en faisant ses adieux à Nérestan, lui promet d’user de son pouvoir sur le sultan pour

Protéger les chrétiens, leur tenir lieu de mère. Dans la parodie, le ton change ce ne sont pas du tout des soins maternels qu’elle se propose de prodiguer aux chrétiens. Voici ce que devient le passage

Un coup J o*</ par hasard lâché sur mon vainqueur En a fait mon esclave; excusez-moi, Seigneur, Mais quoique ma fortune ait d’éclat et de charmes Dans les bras du Sultan je vous donne des larmes. Je ne vous défends pas de former des désirs Je ferai plus, s’il faut, pour flatter vos soupirs. A fous, à vos Français, je tâcherai de plaire; Mes bienfaisantes mains calmeront leurs misères, Je pourrai bien, ~e crois, par ces tendres moyens, Sans manquer au Sultan, adoucir vos chagrins. Autant que je le puis, je ne suis pas cruelle.