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Mais ces effets ne sont employés ici qu’avec discrétion. Par contre, les passages critiques sont nombreux, et souvent d’une réelle finesse. M. Lanson, dans son étude sur la parodie dramatique au xvn~ siècle (Hommes e< Livres, pp. 262 et suivantes) a montré comment cette petite pièce faisait ressortir admirablement le défaut principal de Zaïre la prolongation de l’inexplicable silence de t’héroïne à travers les trois entretiens qu’elle a avec le sultan. Il souligne aussi la malice des auteurs attribuant à Orosmane deux vers de Bo/o~ef, dont, en effet, le passage de Voltaire n’est qu’un délayage très inférieur. Lorsque Thémire prononce un vers que les auteurs empruntent directement à la tragédie Ou mon amour me trompe, ou Thémire aujourd’hui Pour l’élever à soi, descendrait jusqu’à lui. sa confidente réplique fort judicieusement le faut avouer, cette pensée est belle, Mais convenez aussi qu’elle n’est pas nouvelle. L’arbitraire de l’unité de lieu est souligné par ces vers jASMtN

Vous savez que toujours votre porte est fermée. LE SULTAN

Oui, c’était autrefois la règle accoutumée; Mais il faut que d’entrer on ait permission, Si veux qu’au sérail se jMMe l’action. Le récit des aventures de Nérestan est de même parodié de façon à en démontrer toute l’invraisemblance.

Ces deux sources de comique se retrouvent dans la parodie inédite. Mais il faut reconnaître qu’ici l’emploi du burlesque est beaucoup plus abondant, les traits en sont plus fortement appuyés, et l’auteur anonyme n’hésite pas, à certains moments, à les pousser jusqu’à la grossiéreté. Que l’on compare par exemple la parodie de la première tirade de Fatime au passage de Voltaire (vers 9 et suivants) Vous ne me parlez plus de ces belles contrées Où, d’un peuple poli les femmes adorées Reçoivent cet encens que l’on doit à leurs yeux Compagnes d’un époux et reines en tout lieux, Libres sans déshonneur et sages sans contrainte, Et ne devant jamais leurs vertus à la crainte. Voici la tirade telle qu’elle est parodiée dans Les Enfants trouvés Vous ne me parlez plus des plaisirs que la France Promet à notre se~e avec tant de licence.