Page:Bulletin de la société des historiens du théâtre, année 3, n°1-2.djvu/17

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peu moins devant les faits et, sans les violenter le moins du monde, d’oser un effort plus hardi de coordination.

Oser aussi quelques « jugements de valeur que le diligent historien nous induit à formuler tout bas, mais qu’il était qualifié pour prononcer tout haut. C’est une modestie louable que de laisser au lecteur le soin de conclure, mais le renoncement devient excessif quand on ne montre pas à ce lecteur, qui n’y songe pas toujours, l’importance historique des faits constatés. Par exemple dans son classement, très judicieux, des « Moyens d’information », M. Métèse signale que la critique des journaux proprement dits (comme le Journal des Sçavans) manquait de vie, qu’on n’y retrouvait pas l’atmosphère de la représentation c’est exact, mais c’est aussi déplorable. Cette lacune était-elle comblée par les gazettes et la petite presse ? Elle l’était en tous cas fort mal ces écrivailleurs dépourvus de style, et parfois de sens moral, sont des témoins sans autorité. Pourquoi ne pas le dire expressément, ne pas souligner cette absence de critique intégrale, ne pas noter la gravité de cette carence ? i’

C’est elle qui va développer, enraciner cette erreur qu’on ne juge bien une pièce qu’à la lecture. Voilà trente ans bientôt que notre regretté Gaiffe a montré combien ce contre-sens a pesé lourdement sur l’art dramatique du XV!!l~ siècle (Le Drame en France. p. 541) je crois que M. Mélèse a vu l’origine du mal, mais je ne vois pas que, nulle part, il l’ait dit. Aussi sa conclusion manque-t-elle un peu d’accent. Bien volontiers je lui accorde que cette presse permet aujourd’hui du moins à l’érudit patient et sagace qu’il est de « reconstituer l’atmosphère si vivante du théâtre », mais cette presse était faite pour les gens de 1690 et non pour leurs arrière-neveux et elle ne fit pas plus l’éducation de son public qu’elle ne conseilla les auteurs ne l’accusons pas de nous avoir fait tomber, elle toute seule, d’Andromaque à Beverley et du Misanthrope à Jérome Pointu, mais avouons qu’elle y fut pour quelque chose.

Voici plus grave, peut-être. C’était une fort heureuse idée que de consacrer deux chapitres à dire comment ces informateurs parlaient et des écrivains dramatiques et de leurs interprètes que ces deux chapitres soient pauvres, nul ne saurait en faire grief à l’auteur il fallait au contraire que cette pauvreté fût étabue j’inclinerais même à croire, et cette objection fut, sauf erreur, faite en Sorbonne que l’indifférence des gazettiers allait encore plus loin que M. Mélèse ne l’a montré. Mais l’important n’était-il pas de constater l’énorme différence qui sépare, sur ce point, le XVH’* siècle du xvtl! et de se demander si pareil