Page:Bulletin de la société des historiens du théâtre, année 3, n°3-4.djvu/10

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en même temps pour ne rien faire qui parût précipité, sur le procèsverbal de l’officier nous fîmes assigner en témoins toutes les personnes qui étaient dans le même balcon ces personnes au nombre de quatre ont toutes déposé uniformément relativement au procès-verbal de l’officier.

Sur cette information nous décrétâmes de prise de corps la nommée Pitrot, et nous apprenons aujourd’hui qu’elle a relevé appel de ce décret, qu’il a été nommé un commissaire du parlement qui prend une procédure sur cet appel et que le sieur Perdigon, employé dans la fourniture des vivres de l’armée d’Italie, se dit mari de cette Pitrot pour lui donner sans doute un état.

Nous sommes d’ailleurs informés, Monseigneur, qu’on a regardé à Aix le parti de faire sortir les comédiennes comme une insulte à ces filles et nous voyons par les jugements rendus contre l’Opéra, que le parlement pourra être favorable à ces comédiennes et à la Pitrot, nous savons aussi qu’il pourra se prendre à ce que n’ayant pas la juridiction criminelle mais seulement celle de la police nous n’avons pas pu procéder contre cette fille quoiqu’elle ait délinqué dans un lieu public soumis à notre juridiction.

Mais, Monseigneur, comme en, ces circonstances nous n’avons agi que pour le mieux, c’est-à-dire que pour éviter un tumulte public qu’il n’eut pas été possible d’arrêter soit en faisant sortir du spectacle les comédiennes dont la présence excitait les cris du parterre, soit en décrétant la Pitrot, nous osons recourir avec confiance a votre protection et nous vous supplions, très humblement, d’interposer votre autorité pour arrêter les procédures que le sieur Perdigon fait prendre contre nous, nous n’en craindrions pas les suites si nous pouvions nous flatter que la qualité des personnes fut distinguée et que la forme ne nuisit pas au fond. La Pitrot ne se montre au Parlement que sous le nom de la femme du sieur Perdigon, quoique nous ignorions parfaitement si elle en a la qualité légitime, sa société avec ses anciennes compagnes faisant assez voir qu’elle n’a abandonné que l’exercice de son premier état sans en perdre les inclinations dans cet état il est triste pour nous (nous osons même dire indécent) de nous voir traîner au tribunal de justice par-une femme de cette espèce par rapport aux fonctions les plus importantes de nos charges, c’est-à-dire la sûreté et la tranquillité publique au spectacle, il ne sera plus possible que nous la procurions désormais, si nous sommes ainsi exposés à de pareils dégo&ts, nous aurions même à craindre d’être vengés par nos concitoyens qu’il serait difficile de contenir dans les circonstances qui les agitent encore.