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Il paraît en effet que c’est manquer à la déférence qui lui est due que de maltraiter une troupe qui a servi à son amusement, sans autre raison que de s’être absentée pour son service et par ses ordres. Voyez, Messieurs, s’il n’y aurait pas moyen de donner satisfaction à ces comédiens et de vous arranger pour faire cesser leurs plaintes qui pourraient indisposer S. A. R. contre vous. Je vous prie de me marquer de quoi il est question et ce qui fait le sujet des différends que vous avez avec cette troupe. (BB 332, fol. 38.)

v

A Monseigneur le marquis de Mirepoix

(8 décembre 1745)

Monseigneur, pour prévenir autant qu’il était en nous les tumultes et les tapages aux représentations de [opéra et de la comédie, nous avions fait défenses aux acteurs de l’un et de l’autre d’assister aux représentations. Cette défense n’ayant pas été subie de la part des comédiens à la représentation de l’opéra le 27 du mois passé, le parterre sans tumulte ni cris mit dehors un comédien qui s était fourré en le rencognant un peu vers la porte, mais ayant ensuite aperçu deux comédiens au balcon des secondes loges, il s’éleva un cri général du parterre criant A bas les comédiens le désordre et le tumulte furent si considérables que le spectacle étant interrompu, le sieur Boze, l’un de nous qui se trouvait dans la salle, fut dans la nécessité ou de faire baisser la toile ou de faire ordonner aux comédiens de se retirer.

!t eut été dangereux, Monseigneur, de prendre le premier parti vu les dispositions du public par rapport aux menées des comédiens, aux arrêts du parlement qu’ils ont obtenus et aux tracasseries qu’ils nous ont suscitées, de sorte que pour prévenir un plus grand désordre il fut ordonné par 1 officier de garde aux comédiennes de se retirer, ce qu’elles eussent fait sans mot dire, mais la nommée Pitrot ci devant comédienne comme elles dans la même troupe s’avisa de vouloir les faire rester leur disant qu’elles étaient bien bonnes de sortir et demandant par quel ordre, elles répondirent que c’était par ordre des magistrats. Cette Pitrot se mit à dire que les magistrats étaient des bêtes, assaisonnant cette qualification d’une épithète à la grenadière.

Cet écart ayant été rapporté à l’officier de garde il venait pour faire aussi sortir cette fille, lorsqu’il trouva qu’un homme qu’il ne connaissait pas la ramenait dehors. Cependant, Monseigneur, son insolence était trop marquée et était devenue trop publique pour la dissimuler, mais