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Page:Bulletin de la société des historiens du théâtre, année 3, n°3-4.djvu/25

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Il n’est pas tout à (ait exact de dire que cette opposition n’est pas motivée le procureur déctare que le théâtre a été étevë sans autorisation n préatabte celà suffit à constituer un délit qui motive la démolition immédiate et la condamnation du délinquant à une forte amende. D’autre part, si l’opposition était venue de l’autorité militaire, il est peu probable que la Place se serait adressée au procureur du Baillage pour signifier sa volonté n’oublions pas qu’à cette époque l’autorité civile et l’autorité militaire s’accordent comme chien et chat. Si la garnison s’est trouvée mêlée à cette histoire (ce qui n’a rien d’impossible), je croirais plus volontier qu’à Saint-Omer, comme presque partout, les comédiens étaient appelés surtout par les militaires que Walleur a été engagé par eux à construire sa baraque, et que ie baiIlage est intervenu contre lui pour faire pièce à la Place, qui en prenait trop à son aise avec les règlements de police.

H se peut qu’on ait trouvé choquant d’établir un théâtre à proximité d’une chapelle vénérée mais je ne m’expliquerais pas alors pourquoi le procureur aurait renoncé à cet argument de poids. Quant aux événements de 1783, je ne crois pas qu’on puisse en tirer quelque indication. Sous Louis XVI les États-Majors de place prennent à l’égard des autontés municipales un ton impéneux qu’on ne leur laissait pas prendre sous Louis XV tout porte à croire que le gouverneur militaire ne se serait pas permis, en 1763, la démarche, passablement brutale semblet-il, qu’il it a faite en 1783. Ensuite, quelle est alors la raison invoquée pour obtenir la démolition de la chapelle ? C’est que l’affluence des visiteurs encombrera, constamment ou presque, la place où se fait la parade cet argument, valable pour un édifice cultuel, ne le serait pas pour un baraquement provisoire.

Car, et ce sera ma dernière remarque, je ne crois pas que « l’espece de theattre é!evé par un charpentier soit une salle permanente, rappelons qu’alors le mot « théâtre peut désigner une simple estrade destinée à quelque spectacle en plein vent. Je me demande même si la pièce communiquée par M. de Pas explique l’abandon du projet dont parle Derheims, ou si l’idée de bâtir une salle permanente ne serait pas venue aux Échevins pour éviter le retour d’incidents semblables. Si le théâtre avait été édifié par Walleur à la suite d’une décision de la municipalité, comment le procureur pourrait-!) prétendre que la construction a été entreprise sans en avoir préalablement obtenu la permission de ceux qui ont le droit de l’accorder», c’est-à-dire des officiers municipaux ? Ce ne sont là évidemment que des doutes, et je ne les exprime que dans l’espoir de susciter de nouvelles recherches, qui peut-être les rédui-