Page:Bulletin de la société des historiens du théâtre, année 3, n°3-4.djvu/24

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Opposition de la part du roy à l’erection d’un theatre sur la place. De la part et à la requeste de M. Louis-Eugène-Joseph de Cocquel, procureur du Roy des Bailliage, Ville et Chatellenie de Saint-Omer, qui fait election de domicile en son hôtel size en lad. Ville de Saint-Omer, rue et paroisse de Saint-Denis, par ces presentes fait tres expresses inhibitions et deffences à N. Walleur maitre charpentier demt. en cette d. VH!e de continuer ou faire continuer par ses ouvriers, à peines d’emprisonnement de leurs personnes, la construction d’une espece de theattre qu’il a été assé osé de construire sur la grande place de cette Ville sans en avoir préalablement obtenu la permission de ceux qui ont le droit de l’accorder et surplus somme d’en faire faire la destruction dud. theatre en dedans vingt quatre pour tout delai, sinon et à faute de quoi lui déclare de la faire faire a ses frais et dépens, protestant en outre de la faire condamner à cinquante livres d’amende au proffit du Roy pour lad. entreprise et contravention et afin que led. Sr. N. Walleur ait à se conformer à tout ce que dessus et n’en prenne cause d’ignorance, copie des presentes lui sera signifié par la premier officier de justice requis Dont acte. Signé Petit de Cocquel ».

M. de Pas, en nous adressant la copie de cette pièce, y joint une intéressante remarque « Cette opposition, dit-il, n’est pas explicite sur les motifs mais je suis tenté de la rapprocher d’un fait qui s’est produit vingt ans plus tard. H y avait sur cette même place, une chapelle importante qui abritait un lieu de péterinage à la Vierge très populaire construite au Xïn~ siècle, elle était tombée à la fin du XVIH~ siècle dans un état complet de vétusté. On hésita entre la restauration et la destruction avec transfert de la statue vénérée dans un autre local. Un courant populaire s’était manifesté en faveur de la reconstruction sur place, mais cette reconstruction fut interdite par suite de l’intervention du gouverneur militaire et du ministre de la guerre qui firent déclarer à l’échevinage qu’ils ordonnaient la destruction afin d’obtenir la place nette de toute construction, et permettre aux troupes de la garnison d’y évoluer facilement. Ne serait-ce pas un prétexte analogue qui a motivé en 1763 la défense d’y ériger une salle de spectacle ? L’hypothèse de M. de Pas est fort ingénieuse et mériterait d’être vénnée je confesserai pourtant qu’elle me laisse un peu sceptique, et voici pourquoi.