Page:Bulletin de la société des historiens du théâtre, année 3, n°5-6.djvu/11

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cette Clairon, qui a toujours un air composé et théâtral, qu’étant dans une compagnie où elle affectoit la décence, un officier petit-maître, qui l’avoit connue autrefois pour ce qu’elle étoit, se vanta qu’en se présentant à elle il lui feroit bien baisser le ton. H l’approcha effectivement d’un air familier et lui dit Mlle ne me reconnoissez-vous pas, etc. Clairon avec un air de dignité le regarda du haut en bas, et lui répondit J’aurois trop à faire s’il falloit me ressouvenir de tous ceux que j’ai connus, et elle lui tourna le dos. L’officier n’eut rien à répliquer et l’on se moqua de lui. La pluspart des gens à Paris et en Provence croyent qu’elle est femme de M. de Valbelle.

« Du 5 octobre.

Cette importante Clairon vouloit quitter le théâtre après sa prison.Le Duc d’Aumont et quelques autres l’engagèrent à se modérer. Elle attendit quelque tems après quoi elle écrivit au D. de Richelieu pour demander un congé absolu sous prétexte d’incommodité. Le Duc prit l’ordre du Roy et répondit que S. M. lui permettoit d’aller à Genève consulter Tronchin, et de s’absenter tant que sa santé l’exigeroit etc. etc. Elle vouloit insister. Ses amis l’en empêchèrent le Roy pcuvoit en être blessé et lui retrancher ses pensions. Elle est partie sans promettre de rentrer dans la troupe, et laissant la chose équivoque. Voici ce qu’elle a dit ici, c’est qu’elle seroit toujours aux ordres du Roy, quand S. M. souhaiteroit de l’entendre mais elle ne vouloit plus remonter sur le théâtre de Paris tant que les comédiens seroient regardés comme des excommuniez. Elle doit être à présent avec M. de Valbelle à la campagne chez le Duc de Villars son grand admirateur proche Aix en Provence. Je ne sais si je vous ai dit que Made Cramer Delon, chez qui elle demeuroit à Tournay, après l’avoir entendu déclamer,