Page:Bulletin de la société des historiens du théâtre, année 3, n°5-6.djvu/16

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à voir dans cette hostilité une marque de jansénisme c’est fort possible, mais la question mériterait d’être serrée de plus près je pense que le diligent historien pourrait faire, dans cette direction, d’utiles sondages. Mais ce qui vaut d’être retenu, c’est l’argument capital invoqué par les Échevins « On a cru. ne pas devoir donner à des misérables le spectacle affligeant pour eux d’un divertissement, tandis qu’ils souffrent la faim et les incommodités qui naissent de la privation des choses les plus nécessaires à la vie » et le corps municipal rappelait, non sans un légitime orgueil, qu’il avait pu, depuis 1766, maintenir l’ordre dans une population pauvre très nombreuse, en renonçant à l’appui de t’armée. Vingt ans avant la Révolution, les responsables de la difficile police d’un port de mer s’avisant que le plaisir des uns peut être une provocation pour les autres Et cela en pleine fièvre de théâtromanie par toute la France 1 Quel signe avant-coureur, et comme il faut remercier M. Quesnot de nous faire connaître un tel document 1

J’en arrive à ce qui pourrait s’appeler le « morceau de résistance de l’article le récit des mésaventures de la troupe Klairwal en 1763. Ces comédiens ne sont pas des inconnus ils ont été signalés depuis longtemps en Picardie P. de Caieu note (Mém. Soc. &M/. Abbeville, 1901, p. 600) le passage à Abbeville d’une troupe, venant de Dieppe, arrivée le 15 avril 1763 et repartie pour Hesdin le 3 juillet tout porte à croire que c’est bien la troupe Klairwal (Voir la note à la fin de ’I*articie) elle était encore à Dieppe, nous apprend M. Quesnot, le 24 mars elle est restée jusqu’à la veille des Rameaux, jour de la clôture obligatoire, cette année-là, le 2 avril. Le 7 juillet, une assignation ne peut atteindre une des comédiennes, et cela s’explique parfaitement à supposer que l’assignation ait été signifiée à Abbeville, elle serait arrivée quatre jours après le départ de la troupe. On savait bien, à Abbeville, que les comédiens avaient pris le chemin d’Hesdin, mais devaient-ils séjourner dans cette petite localité ? I! aurait fallu poursuivre jusqu’à Saint-Omer pour les rattraper.

Pour remercier M. Quesnot de nous faire connaître le nom du chef de troupe et ceux de quelques membres, nous pouvons apporter une confirmation de l’hypothèse par laquelle il termine, et adoucir un peu les regrets qui la précèdent. H est regrettable en effet qu’on ne connaisse, du répertoire de la troupe de 1763, qu’« une comédie larmoyante de Gresset et une piécette aujourd’hui oubliée pour ma part, je n’oserais pas, je l’avoue, « induire de ces faibles données qu’une tenue littéraire indiscutable plaisait à la société dieppoise ». Mais nous connaissons par