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Clairon une corbeille de fleurs, et chantèrent en dialogues des couplets à sa louange ()). Ensuite on ouvrit la porte des jardins et l’on tira un feu d’artifice. » « [Même lettre, du lundi 19 août].

Nous soupâmes hier avec elle, elle avoit dîné à la campagne de Labat où elle avoit rendez-vous avec le Docteur, elle a assez besoin de lui. Pardon, je ne vous en parlerai plus. »

«Du 26 août.

« Puisque mon entousiasme vous divertit, Madame, je vais vous parler encore de Clairon. Elle ne nous a pas fait le même plaisir à table que sur le théâtre, elle ne manque pas d’esprit et de connoissances, et elle parle admirablement de tout ce qui a raport à son art. Elle sait très bien sa langue et prononce très distinctement avec un fort bel organe, mais elle a toujours une prononciation un peu théâtrale, et une affectation de décence qui va jusque à la dignité, et comme elle étoit environnée de gens inconnus, elle ne pouvoit pas avoir la même gaieté qu’avec ses amis. « Made Tronchin l’a fait diner à Cenève avec Mil. et Miladi Stanhope (2) qui en furent très contents. Nous eûmes jeudi un grand soupé chez nos voisins. Vendredi elle alla prendre congé à Fernex où Voltaire lui lut une épitre que vous trouverez cy-jointe (3). Samedi nous (1) Le berger, c’était le jeune Florian. Voir ses Mémoires d’un jeune Espagnol, Paris, 1883, in-16, pp. 18 sqq. (2) Philip, lord Stanhope (1717-1786), mathématicien, membre de la Société royale de Londres, s’était rendu à Genève dans l’espérance de voir se rétabtir dans un climat plus chaud que ce tu: de l’Angleterre, la santé extrêmement chancelante de son fils aîné, qui pourtant mourut en 1763.

(3) Cf. Moland, X, p. 384. L’Anglais Samuel Sharp écrit, de Ferney, A Garrick, le 18 août 1765 il vient de dîner chez Voltaire, on a parlé