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Page:Bulletin de la société des sciences historiques et naturelles de la Corse, fasc. 352-354, février 1913.pdf/123

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Théodore de Neuhoff

Après de nombreuses aventures en Angleterre, en Suède, en Espagne, où il se maria et au cours desquelles, il se révéla souvent comme un malhonnête homme, il finit par échouer en Italie, à la cour de Toscane, en qualité d’agent secret. C’est là qu’il connut, grâce à un moine, les chefs Corses, exilés de leur patrie, Ceccaldi, Giafferi, Aïtelli et qu’il entendit de leur bouche la détresse d’un peuple anxieux de trouver « un Rédempteur ». L’aventurier s’imagina peut-être que la fortune lui souriait enfin et que sur cette terre sauvage « aussi peu connue que la Californie et le Japon » il trouverait une couronne et une destinée glorieuse.

C’est pourquoi, quatre ans plus tard, après être allé à Tunis pour préparer son expédition, il débarquait sur la côte orientale avec quelques bottes et un peu de poudre. « Il était vêtu d’un long habit d’écarlate doublé de fourrure, couvert d’une perruque cavalière et d’un chapeau retroussé à larges bords, portant au côté une longue épée à l’espagnole et à la main une canne à bec de corbin ». Son arrivée et son costume firent sensation ; quelques personnages de l’île auxquels il avait été annoncé l’attendaient du reste et après avoir prodigué les promesses, ou distribué quelque argent, il fut élu Roi. On connaît ses institutions, ses difficultés, sa détresse financière, l’impopularité qui en résulte et l’indiscipline de ses sujets. On sait aussi que calmer leur impatience, il se décida à gagner le continent sous prétexte de s’y procurer l’argent tant de fois promis, peut être pour échapper aux dangers qui le menaçaient. Le 14 novembre, après un séjour éphémère de huit mois exactement dans son royaume, il débarquait à Livourne[1].

  1. Cf. Sur toute cette partie de l’histoire de Théodore les mémoires de l’abbé Rostini, publiés par notre Société, 1881 à 1885, dont M. le Glay s’est souvent servi.