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Page:Bulletin de la société des sciences historiques et naturelles de la Corse, fasc. 352-354, février 1913.pdf/126

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Bibliographie

martyr, grand soldat du Christ ». Ainsi François, duc de Lorraine, et beau-fils de l’Empereur qui avait jeté ses vues sur la Corse et après s’être servi, en 1736, du louche Humbert de Beaujeu, avait, en 1740, recours a Théodore lui-même et lui promettait 1.500 fusils. La mort de Charles VI coupa court à ces projets. Le roi de Corse s’adressa alors à la France, par l’intermédiaire de son beau-frère, conseiller au Parlement de Metz ; il essayait « l’escroquerie politique » après l’escroquerie commerciale. On refusa de l’entendre et c’est alors que la guerre de Succession d’Autriche, en brouillant les puissances européennes, mit l’aventurier au premier plan.

Au mois de Janvier 1743, un navire anglais arrivait dans les eaux corses avec Théodore à son bord. Une proclamation était distribuée aux rebelles ; elle leur annonçait que le Roi, protégé par le gouvernement britannique, allait débarquer et chasser les Génois. Promesses vaines car si le comte de Neuhoff parut sur les côtes de la Balagne et distribua quelques munitions, il n’osa pas se priver de la protection d’une escadre anglaise et il revint à Livourne sans avoir rien fait. Pour atténuer l’effet de sa conduite, il essaya de séduire le représentant anglais en Toscane, Horace Mann ; celui-ci par curiosité par désœuvrement consentit à nouer plusieurs entretiens avec un personnage qui l’intriguait. Il eut tôt fait de s’apercevoir que Théodore n’était qu’un « babillard » et il conseilla à son ministre de ne faire aucun fonds sur lui. Lâché par l’Angleterre, Neuhoff essaya de s’imposer à la Cour de Turin, très désireuse également de mettre la main sur la Corse ; de ce côté aussi on recula devant ses prétentions et on découvrit la vanité de ses promesses. Restait l’Impératrice Marie-Thérèse, dont l’époux François de Lorraine avait jadis convoité l’île. La famille autrichienne se berça un moment de l’espoir d’u-