Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1830-1831.djvu/108

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contemporains, tandis que des couches rompues donneraient une idée bien différente. On ne peut croire en effet que les couches se soient déposées autour de la masse de sel avec les inclinaisons qu’elles affectent actuellement, inclinaisons qui changent d’une position à l’autre et dont l’ensemble est tel que les couches sont placées comme autour d’un toit conique. Ces couches doivent donc avoir éprouvé un dérangement depuis leur dépôt.

Pour expliquer cette disposition, on peut faire plusieurs hypothèses. On peut supposer d’abord que la masse de sel appartenant à des terrains secondaires anciens a été recouverte par des couches horizontales de grès, que la surface du sel ayant été dissoute au fur et à mesure, il s’est formé des vides qui ont occasionné des chutes et des changemens d’inclinaison dans les couches de grès qui recouvraient le sel. Cette hypothèse qui a servi pendant long-temps pour expliquer la position inclinée des couches secondaires sur le granit, et que l’on a été obligé d’abandonner, ne s’applique pas mieux dans l’exemple qui nous occupe ; comment concevoir en effet cette disposition régulière des couches dont l’inclinaison varie avec la position. Une seconde explication qui s’accorde mieux avec les faits, consiste à regarder le sel comme étant plus moderne que le terrain, et à supposer que la même cause qui l’a produit a forcé les couches de grès à fléchir et à s’appuyer dessus ; Cette dernière hypothèse, ou celle qui consiste à regarder le sel comme contemporain au terrain, me paraissent être les seules qui expliquent d’une manière satisfaisante la position de la masse de sel de Cardonne, située au milieu d’un terrain très-moderne, et recouverte de tous côtés par des couches de grès qui s’appuient dessus.

Quelle que soit celle de ces deux explications que l’on admette, le sel de Cardone sera beaucoup plus moderne qu’on ne le pense généralement. L’opinion que nous émettons dans ce moment trouvera peut-être quelques incrédules, tant on est habitué à regarder le sel gemme comme essentiel au groupe du grès bigarré et des marnes irisées. Mais tout nous porte à croire qu’on aura bientôt, les preuves que le gypse et le sel peuvent exister dans toutes les formations ; ainsi le, sel de Bex, en Suisse, paraît être enclavé dans le lias et celui de Cardonne serait dans le terrain de craie ; on sait en outre que M. Beudant a placé le sel de Wieliczka dans le terrain tertiaire.

La masse de sel de Cardonne, quoique la seule que l’on connaisse jusqu’à présent dans les Pyrénées, est cependant loin d’être un fait isolé, elle est probablement en rapport avec les sources salées qui existent sur les deux versans de cette chaîne ; mais en outre