Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1830-1831.djvu/163

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Je prie la Société de fixer son attention sur certains fossiles très-bizarres, qui nous semblent avoir appartenu soit à quelques polypes nus, soit à des alcyons ou à des éponges, et que j’ai recueillis l’an dernier, avec MM. Gaboreau, Emy et Clairian, à une lieue au nord-ouest de la Rochelle, le long des falaises battues par la mer, entre Larepentie et le Plomb, vis-à-vis l’île de Rhé.

Ces fossiles sont remarquables non-seulement par leur volume, mais surtout par leur abondance. Ils forment une couche de huit pouces à un pied d’épaisseur, qui se montre sans interruption sur une étendue de 7 à 800 toises, et qui repose sur un lit de marne calcaire jaunâtre, d’un à deux pieds d’épaisseur.

La couche, uniquement composée de ces fossiles, est située dans la partie moyenne du calcaire jurassique compacte, presque lithographique, donnant de la chaux hydraulique, et divisé en bancs de 6 à 18 pouces d’épaisseur, horizontaux et séparés par des lits très-minces d’argile calcaire.

Ces bancs recouvrent cette couche de fossiles sur une hauteur qui varie de 2 à 30 pieds, selon que la colline prend plus ou moins d’élévation. Dans ce dernier cas, on aperçoit aussi çà et là une ou deux autres couches de ces mêmes animaux, mais elles ont peu d’étendue.

Le principal de ces corps organisés, qui est parfois gigantesque, et qui occupe la plus grande partie de cet immense dépôt, se compose de tiges et de branches plus ou moins courbes, contournées et anastomosées, qui furent vraisemblablement cylindriques, mais qui, comme celles des lignites, sont d’autant plus comprimées qu’elles sont plus petites : circonstance qui les fit prendre au premier abord pour des fucus.

Ces tiges et ces branches augmentent de volume à leurs extrémités et se terminent en forme de massues alongées, qui ont quelquefois la grosseur de la cuisse, mais elles sont tellement entrelacées les unes avec les autres, qu’il ne nous a pas été possible de reconnaître les caractères distinctifs de l’animal auquel elles ont appartenu.

Nous avons remarqué seulement qu’il existe à leurs surfaces des appendices, ou peut-être des tentacules souvent bifurqués, annonçant par leurs formes qu’ils sont sortis de ces branches dans un état de mollesse, et se sont appliqués irrégulièrement à ces surfaces : appendices qui se confondent quelquefois avec certains petits madrépores cylindriques et entrelacés qui couvrent aussi ce fossile.

Nous avons remarqué également que ces tiges sont souvent cassées transversalement ; que quelques-unes ont été soudées ensuite