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Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1830-1831.djvu/202

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qu’ils sont fossiles, puisqu’ils sont renfermés dans les couches régulières du globe ; mais il n’en est pas de même pour les corps organisés que l’on rencontre dans les terrains de transport qui recouvrent immédiatement le terrain de sédiment supérieur car pour résoudre la difficulté, il faudrait que l’on pût indiquer où finissent les couches régulières du globe terrestre ; or, c’est ce qu’il est impossible de faire dans l’état actuel de la science. Je sais bien que quelques géologues admettent que le diluvium termine brusquement la série des dépôts réguliers ; mais nous avons vu plus haut que cela n’était pas, et que les terrains diluviens se confondaient avec les dépôts plus modernes.

Les caractères physiques et chimiques pris isolément ne peuvent non plus servir à déterminer si un corps organisé est fossile ou non. En effet, l’on donne avec juste raison le nom de fossile à des corps de nature et de propriétés entièrement différentes, à des empreintes, à des moules, soit intérieurs, soit extérieurs ; d’ailleurs, des ossemens modernes peuvent, sous l’influence de certaines circonstances, acquérir les mêmes caractères que les ossemens fossiles.

Quant aux pétrifications proprement dites, qui ne sont au reste qu’une manière d’être des corps organisés fossiles, l’on sait qu’il s’en forme encore de nos jours entièrement semblables à celles que l’on rencontre dans les terrains anciens, et sans parler même des incrustations produites par certaines sources minérales, il me suffira de rappeler comme exemples de véritables pétrifications, les graines de chara qui se pétrifient dans certains marais de l’Écosse ; le phénomène semblable qui a lieu pour certaines coquilles, dans le sein même de la Méditerranée, les bois silicifiés du pont de Trajan et les racines d’arbres en partie ligneuses, en partie calcaires, trouvées dans les sables des environs de Paris : il est donc bien évident que la nature des corps ne peut rien faire préjuger sur leur fossilité.

La position dans des limons ou des graviers ne peut pas également servir à déterminer si un corps organisé est ou non fossile, puisque nous voyons tous les jours sous nos yeux des ossemens d’animaux ensevelis par des causes naturelles, et que personne cependant ne regarde comme fossiles : or, comme il est impossible de distinguer les dépôts diluviens des dépôts plus modernes, la position seule d’un corps organisé dans des limons ou des graviers ne peut pas suffire pour mériter à ce corps le nom de fossile.

Suivant quelques géologues, ou pourrait regarder comme fossile tout corps enseveli par des causes naturelles. Si l’on voulait préciser