Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1830-1831.djvu/22

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leur que celle qui existe entre l’antiquité et les temps modernes. D’accord, et si cela est, il faut faire observer qu’entre les deux temps admis dans le langage des historiens, il y a passage et nuance insensible.

Mais ce n’est pas ainsi que l’entendent la plupart des géologues qui emploient ces expressions ; ils partent de cette idée, qu’entre l’époque actuelle et l’époque ancienne, il n’y a pas de transition qu’un hiatus immense sépare les phénomènes anciens et les nouveaux ; qu’en un mot, une grande révolution à tout changé, et a fait succéder une nature nouvelle à une nature ancienne.

Cependant, ceux qui admettent cette dernière idée d’une manière générale, ne sont pas d’accord entre eux sur la valeur relative et chronologique des deux termes qui leur servent à diviser le temps, et ils ne sont même pas toujours conséquens avec eux-mêmes.

Pour l’un, l’époque actuelle est l’époque post-diluvienne, en prenant le diluvium comme l’effet d’un seul déluge, de celui dont parle Moise ; bien qu’on ne puisse certainement distinguer cet effet diluvien de tous ceux produits par des déluges antérieurs et postérieurs, et quoique les traditions elles-mêmes nous enseignent positivement que, l’événement passé, les choses seraient rentrées dans l’ordre antérieur, et que par conséquent les phénomènes anté et postidiluviens devraient appartenir à une même série passagèrement interrompue.

Les uns regardent l’époque actuelle et l’époque historique comme une seule et même chose, et, pour ceux-ci, l’époque actuelle doit commencer avant le déluge mosaïque ; car l’homme existait sur la terre avant ce déluge, et puisqu’il y avait des habitans, des ustensiles, des animaux domestiques, etc., on pourrait trouver les mêmes vestiges dans les dépôts anté et post-diluviens. Que deviennent, en conséquence, les caractères assignés jusqu’à présent, on ne sait trop pourquoi, aux terrains anté-diluviens, de ne contenir ni fossiles humains, ni débris qui annoncent l’existence sociale de l’homme ?

L’époque actuelle, dit-on encore, a commencé avec la mise à sec de nos continens.

Mais qu’entendre par nos continens ? Sont-ce toutes les terres aujourd’hui à sec ? Sur quels faits peut-on établir que toutes leurs parties ont été émergées en même temps ? N’est-il pas plus probable que, tandis que certaines portions du sol n’ont jamais été inon-