Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1830-1831.djvu/23

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dées, d’autres sont sorties de l’eau, les unes avant le dépôt des terrains houilliers, d’autres avant celui du lias, avant la craie, etc. ; il est presque démontré que lorsque le sol des plateaux de Paris était couvert d’eaux marécageuses, lorsque les meulières se formaient, les bassins de la Touraine, de la Méditerranée, de Norfolk, etc., etc, comme l’a si bien établi M. Desnoyers, étaient submergés. Ces derniers terrains étaient probablement découverts, que les bancs des buttes de l’herme de Saint-Hospice, des côtes de Cornouailles, de la Nouvelle-Hollande, de la Sicile, etc., se déposaient sous la mer. Il n’y a pas six années qu’une étendue considérable du sol submergé auprès de Valparaiso est sortie du sein des eaux par l’effet d’un soulèvement. Ainsi la mise à sec des continens actuels, c’est-à-dire de nos continens, a été successive ; qu’elle ait eu lieu lentement ou par saccades, n’importe : cet événement ou plutôt cette suite d’événemens ne peut servir à fixer la limite entre deux époques.

La théorie des soulèvemens du sol, rendue si facile à comprendre par les faits recueillis avec tant de discernement par M. Élie de Beaumont, explique comment une portion de la surface du globe, jusque là submergée, a pu devenir une surface continentale. Des observations démontrent, jusqu’à l’évidence que chaque événement de cette sorte n’a pas changé l’ordre de la nature ; mais qu’après un instant de trouble, les choses ont repris leur ancien ordre.

Seulement chaque événement a dû déplacer les influences locales et modifier par suite et même subitement les produits qui précédemment se formaient dans un lieu donné. Ainsi, un soulèvement a pu faire changer la direction des cours d’eau, la place des embouchures, modifier les courans, donner lieu à des déplacemens des êtres. Si, par exemple, une mer profonde est devenue un rivage, si à la place d’un golfe est venu un détroit, etc., les animaux, ont dû changer d’habitation, beaucoup ont pu périr ; d’un autre côté, des communications ont pu être rompues, d’autres ont pu s’établir, de sorte que dans un point où des circonstances constantes donnaient lieu, à la formation d’un certain dépôt renfermant les débris de certaines espèces, un second dépôt minéralogiquement et zoologiquement différent du premier a pu lui succéder subitement par suite du changement de circonstances locales, sans, comme on le voit, que, l’on puisse attribuer les diffé-