Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1830-1831.djvu/235

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confusion si générale, et quels seraient les moyens d’y remédier, Or, les causes sont faciles à exposer ; l’on sait qu’elles se réduisent à deux principales : 1o la facilité avec laquelle les géologues déterminent ou croient déterminer les espèces fossiles ; 2o la difficulté qu’il y a, au contraire, à obtenir en paléonthologie de bonnes déterminations.

Voyons maintenant s’il ne serait pas possible de remédier à ces deux grandes causes d’erreurs géologiques, telles que l’on n’ose plus se fier aux indications de fossiles présentées par les auteurs même les plus estimés, tant on craint qu’ils s’en soient rapportés à des déterminations peu rigoureuses.

La facilité avec laquelle les géologues déterminent ou croient déterminer les fossiles, tient à ce qu’en général ils négligent de faire de la conchyliologie une étude approfondie ; ils se contentent ordinairement de prendre une idée générale de la forme de quelques espèces des genres principaux. Pour obvier à cette erreur, il suffira de la signaler plusieurs fois, et de relever dans toutes les circonstances les mauvaises déterminations et les conséquences fausses qui en sont résultées. Ainsi, les géologues deviendront certainement beaucoup plus réservés, Le plus difficile sera donc, de lever la seconde cause d’erreur, savoir la difficulté qu’il y a d’obtenir en paléonthologie de bonnes déterminations.

Pour ne parler ici que des coquilles et des zoophytes, Je dois rappeler que, puisque un grand nombre de leurs espèces sont très-difficiles à déterminer, même à l’état frais et lorsque l’on peut les étudier avec toutes leurs formes, soit intérieures, soit extérieures, et avec toutes leurs couleurs, il n’est pas étonnant qu’à l’état fossile, et surtout lorsque l’on n’a que des moules, ou que l’on n’a que les surfaces extérieures et point de traces de couleurs, la difficulté devienne beaucoup plus grande et les chances d’erreur beaucoup plus nombreuses. Mais cela tient-il à la nature même des choses, ou plutôt à notre manière de les étudier et de les considérer ? C’est là la grande question, et la seule à mon avis dont la solution pourra porter quelque remède au mal. Or, il est de fait que les espèces réellement différentes ne se ressemblent pas, qu’elles ont chacune un facies qui leur est propre, et qui est tel, que plusieurs individus entassés seront facilement distribués chacun selon son espèce, même par un enfant que l’on chargerait de faire le triage. Cependant, si ces espèces sont assez rapprochées dans le système, pour qu’elles n’aient que de légers caractères pour les distinguer, il arrivera, et il arrive tous les jours, que leurs descriptions seront si peu distinctes, qu’il sera impossible à celui qui n’aura pas