Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1830-1831.djvu/236

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les deux espèces à la fois sous les yeux, de tomber avec certitude sur la véritable détermination. L’erreur résulte donc, non pas des espèces elles-mêmes, qui sont assez distinctes pour que l’on les sépare très-facilement, mais des descriptions qui sont loin d’être précises, et qui ne présentent pas les différences qui existent réellement entre les espèces : c’est donc pour une bien grande partie à notre manière d’étudier et de considérer les fossiles qu’est due la plus grande cause d’erreur.

Voici donc les moyens qu’il me semble que l’on pourrait employer pour diminuer ces chances d’erreur. La détermination des fossiles reposant essentiellement sur leurs formes, la paléonthologie ne sera une science certaine que lorsque l’on sera parvenu à pouvoir déterminer les fossiles, soit seulement sur leurs formes extérieures, lorsque l’on n’a rien autre chose à sa disposition, soit seulement sur les formes intérieures, lorsque l’on n’a que des moules intérieurs.

Or, s’il est de fait qu’il n’y a pas deux espèces qui aient les mêmes formes, c’est à déterminer avec précision ces formes qu’il faut tâcher d’arriver. Il est plusieurs détails bien différens dont l’ensemble concourt à imprimer cette forme caractéristique ; c’est donc dans tous ces détails de forme que l’on devra, je crois, puiser des caractères. Mais si, comme l’on l’a fait jusqu’à présent, l’on veut se contenter d’exprimer par une douzaine de mots, dont le sens n’est pas même bien précis, des variations aussi multipliées que les espèces zoologiques, on ne pourra arriver qu’à rendre les descriptions d’autant plus obscures, que l’on y ajoutera plus de ces mots vagues et indéterminés. D’une autre part, si l’on doit décrire des formes, c’est à la géométrie qu’il faut emprunter ses moyens ; de toute autre manière, on ne saurait obtenir la précision nécessaire. Toutefois, je suis loin de vouloir faire de la conchyliologie un corollaire des mathématiques, comme on l’a fait pour la minéralogie. Je suis convaincu que c’est d’abord à l’introduction de la crystallographie géométrique, et maintenant à celle de la chimie la plus relevée, que la minéralogie doit l’état de décadence dans lequel on la voit aujourd’hui en France et dans tous les pays où de telles méthodes ont été adoptées ; mes efforts tendront toujours, au contraire, à répandre sur les sciences géologiques de l’attrait et de la simplicité.

Pourvu qu’on n’arrive pas à exagérer les moyens que je propose, le conchyliologiste n’aura besoin que de mesurer quelques lignes et quelques angles dans ses coquilles, et sans se mettre en peine d’en déduire le moindre calcul ou le moindre échafaudage algébrique.