Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 2 - 1831-1832.djvu/135

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ne voit pas non plus jusqu’ici de preuves suffisantes que depuis l’établissement de l’homme dans la Gaule d’autres espèces de grands mammifères, surtout de genres des contrées équatoriales, aient été détruites, que celles dont l’histoire y a constaté l’existence. La question des ossemens humains des cavernes présentait trois points de vue principaux :

Ou ces ossemens étaient antédiluviens, comme ceux des mammifères d’espèces perdues avec lesquels on les rencontre (ours, hyènes, rhinocéros, etc.), et l’existence de l’homme aurait alors précédé dans nos contrées les derniers soulèvemens de montagnes qui ont dispersé le gravier diluvien, et les grands changemens de température qui paraissent aussi avoir contribué à leur destruction. Ou bien ces grandes espèces de mammifères n’auraient été détruites par des causes lentes et naturelles que depuis les temps historiques, ou du moins depuis l’invention des arts et depuis l’établissement des hommes sur le sol de notre France méridionale ; et les Gaulois, pourrait-on dire, auraient chassé aux rhinocéros, aux hyènes, comme à l’urus, à l’élan et au sanglier.

Ou bien enfin la réunion sur le même sol souterrain de ces différend corps n’était que le résultat de plusieurs causes fortuites non simultanées et distinctes du phénomène général des cavernes ossemens.

Plusieurs géologues se sont fortement prononcés pour les deux premières opinions et pour la contemporanéité de l’homme et d’un assez grand nombre d’espèces entièrement perdues. C’est l’opinion contraire et la troisième explication du fait que M. Desnoyers a essayé de soutenir. Cette opinion, qui paraît devenir celle du plus grand nombre des géologues, ne diminue en rien l’intérêt des découvertes et des observations dont MM. Marcel de Serres, Tournal, de Christol, Farines, etc., ont tiré des conséquences opposées en reproduisant, à l’égard des cavernes, la présomption d’hommes fossiles contredite par tous les autres gisemens ; mais peut-être qu’envisagée plus particulièrement sous le point de vue historico-géologique, la question leur semblera plus douteuse et pourra être éclairée par de nouvelles observations.

Toutefois le fait des os humains et des objets d’industrie dans les cavernes n’était pas nouveau ; il avait été antérieurement signalé surtout par MM. Rosenmüller et de Sommering pour les cavernes de la Franconie ; et pour celles de l’Angleterre, par M. Buckland, qui même en avait fait l’objet d’un chapitre spécial de ses Reliquiæ diluvianæ ; mais aucun de ces savans, non