Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 2 - 1831-1832.djvu/285

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caractère générique semblaient le plus annoncer celles de la période tertiaire en sont toutes différentes spécifiquement, d’après l’examen de M. Deshayes. L’argument tiré des fossiles serait donc ici bien moins fort que pour la craie du pied nord des Pyrénées, où M. Dufresnoy a nommé des espèces identiquement tertiaires.

On sait que dans des couches incontestablement de l’âge du grès vert et de la craie, et probablement dans les couches littorales, se trouvent des coquilles de genres assez nombreux, ordinairement considérés comme tertiaires. Je me souviens d’en avoir vu à Bristol, dans la collection de M. Miller, si malheureusement enlevé aux sciences, une série fort intéressante, provenant du Green-Sand de Blackdown. M. Deshayes en possède aussi un bon nombre de la Belgique, et j’en ai du Maine et du Perche, dont la physionomie tertiaire est étonnante ; mais toutes ces coquilles sont spécifiquement différentes de celles supérieures à la craie. La question de Gosau est donc diversement soutenue par des géologues également bons observateurs, et qui ont visité les lieux plusieurs reprises et en conscience : de quel côté est la vérité ?

§ 33 bis. — On a quelquefois présenté le terrain de Maastricht comme un autre exemple du passage de la craie aux dépôts tertiaires ; les membres de la Société qui ont suivi les séances de Beauvais ont observé au village de Laversine, près de cette ville, un lambeau de calcaire coquillier d’apparence assez analogue à la roche de Maastricht, et paraissant reposer, dans le fond d’une vallée crayeuse, sur la craie à Belemnites. Quelques fossiles ont semblé à plusieurs membres présenter des analogies avec ceux des faluns, et on a été porté à en conclure certains rapports entre ceux-ci et le dépôt de Maastricht et celui de Laversine, qui tous deux cependant ont bien plus d’analogie avec le grand système crayeux.

La similitude extérieure de la roche, c’est-à-dire un mode de granulation commun aux dépôts littoraux de toutes les formations, avait déjà occasionné dans le Cotentin, dans la Loire et en Autriche, des rapprochement forcés entre certains strates crayeux, et les couches tertiaires les plus récentes, que depuis on a reconnus pour être tout à fait distincts. Le gisement de Laversine reste donc un point des plus intéressans à observer, et la fixation précise de son âge sera un nouveau service que la géologie pourra devoir à M. Graves, qui l’a déjà fort enrichie par de nombreuses et de précieuses découvertes de fossiles dans le département de l’Oise.