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Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 2 - 1831-1832.djvu/284

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pour faire naître l’idée d’un terrain tertiaire de transition qui comblerait cette lacune dans quelques bassins.

MM. Sedgwick et Murchison, guidés par les apparences tertiaires de la grande masse des fossiles de Gosau, et par la position du dépôt au fond de vallées alpines, lui ont assigné cet âge intermédiaire. Ils distinguent dans les Alpes autrichiennes deux calcaires à nummulites, l’un dépendant de la craie supérieure, l’autre, plus nouveau, et constituant à Gosau et ailleurs le groupe qu’ils ont nommé terrain tertiaire de transition. Dans le dépôt de Gosau, particulièrement, ils semblent reconnaître aussi deux systèmes ; l’un inférieur avec les fossiles de la craie roulés, hyppurites, nérinées, gryphées (G. colombe), et l’autre supérieur, formé de marnes bleues avec coquilles tertiaires. Cette considération des fossiles roulés, introduits d’un terrain plus ancien dans une formation postérieure a été reproduite à la Société par plusieurs membres. Elle doit jouer un grand rôle à presque toutes les époques géologiques ; mais il paraîtrait qu’à Gosau, les fossiles habituels de la craie sont pénétrés de la même pâte que les fossiles de genres tertiaires, ce qui diminuerait la valeur de l’explication.

M. Boué, contrairement à l’opinion des deux géologues anglais, a continué de rapporter à la partie inférieure du grès vert (Mémoire sur divers gisemens intéressans de fossiles dans les Alpes autrichiennes) l’ensemble du terrain de Gosau, et il vous a présenté un grand nombre de coupes et de rapprochemens pour établir l’intime liaison de ce terrain avec le grand système nummulitique des Carpathes et de la Dalmatie.

Relations de gisemens, parité de dépôts dans une vaste étendue géographique, absence de sédimens tertiaires dans les grandes vallées alpines plus récentes que ces mêmes terrains tertiaires, et analogue sà celle de Gosau, tels sont les principaux argumens sur lesquels M. Boué s’est appuyé. Si la vallée transversale de Gosau offrait des couches tertiaires de molasse analogues à celles déposées par la grande mer qui a comblé, les bassins au pied des Alpes orientales, n’en retrouverait-on pas, dit-il, dans les autres grandes vallées transversales ? L’opinion de M. Boué s’accorde avec celles de MM. Keferstein, Lill et de Munster. M. Boué a reconnu intimement réunis aux coquilles d’apparence tertiaire de cette localité devenue célèbre un bien plus grand nombre d’espèces caractéristiques de la craie que n’en ont indiqué MM. Sedgwick et Murchison ; il cite des inocérames, hamites, gryphées, trigonies, le pecten quinque costatus, etc. ; et ce qui est plus important encore, c’est que les espèces même dont l’état de calcination et le