Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 2 - 1831-1832.djvu/313

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

principales : outre l’attaque des deux principes du parallélisme des fractures contemporaines, elles portent encore sur la continuité, sans dislocations, de certaines chaînes en ligues courbes et très fléchies, non susceptibles par conséquent d’établir des parallèles fixes et comparables ;

Sur le nombre trop limité des époques de soulèvemens admises par M. de Beaumont, et sur la difficulté de faire coïncider des dislocations parallèles de chaînes éloignées ;

Sur la possibilité que certains sédimens aient été déposés très irrégulièrement sur des plans de pentes inclinées, qu’il faut bien distinguer des relèvemens du sol ; sur la nécessité de tenir compte des dislocations des strates par bascule, autant par affaissement que par redressement ; sur l’insuffisance de nos connaissances géographiques et géologiques touchant la direction et la structure de plusieurs chaînes, dont M. de Beaumont a fait coïncider l’époque de formation avec le soulèvement des terrains les mieux connus de l’Europe occidentale.

Quoi qu’il en soit, la théorie de l’âge successif des montagnes n’en restera pas moins l’une des plus ingénieuses. Toutes les doctrines philosophiques, celles même qui reposent sur la combinaison la plus judicieuse du plus grand nombre de faits, sont sujettes à controverse. Il était impossible qu’un aussi vaste ensemble d’observations, présenté dans un esprit de généralisation si piquant et si hardi, ne dût pas au temps et à l’examen quelques modifications importantes ; et M. de Beaumont sera sans doute le premier à revenir sur des idées qui auraient pu être généralisées ou exagérées au-delà même de sa propre conviction.

Néanmoins, pour mieux apprécier les progrès rapides de cette branche de la géologie, et la vive sympathie qu’elle a excitée, il suffirait de comparer son état actuel, quelque incomplet qu’il soit encore, avec les opinions exprimées dans le seul Traité français de géologie qui fût classique, il y a douze ans.

On y lit que la présence des corps marins sur les hautes montagnes est bien plus facilement explicable par le soulèvement des eaux mobiles de l’Océan que par le redressement de masses minérales, inertes et immobiles ; cette seule preuve d’un géologue wernérien modéré, rapprochée de l’état actuel des esprits sur cette matière, montre un progrès, ou un changement non moins grand sur cette question que sur l’âge des granites, et autres roches cristallisées, long-temps appelées primitives.

Bien plus récemment encore des géologues d’un très grand mérite ne répétaient-ils pas que les terrains les plus disloqués