Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 2 - 1831-1832.djvu/449

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de près, il semblerait qu’il n’y a pas de montagnes proprement dites ; ce sont toujours de simples déchiremens qui, pour la hauteur et la composition, se rattachent à un continent élevé qui les précède. D’après l’observation de M. le général Pfiffer, rapportée par M. de Saussure, toutes les montagnes des Alpes, y compris le Jura, représentent, dans leur ensemble, un continent plein à pente douce ; on n’a pour cela qu’à combler de grandes déchirures ou vallées qui les découpent, les Vosges abruptes du côté du Rhin, le Jura abrupte du côté de la vallée de Genève, les montagnes de la Saxe abruptes du côté de l’Elbe, le Rhoen abrupte du côté de Fulde ; toutes ces montagnes à pente douce sur leur revers opposé ne m’ont présenté aucune apparence de soulèvement. De l’immense vallée des Pays-Bas, si vous voulez pénétrer en France du côté de Namur et au-dessus, vous trouvez de temps en temps des espèces de promontoires isolés qui semblent figurer comme des montagnes. Il en est ainsi de ce qu’on appelle montagnes de Fontainebleau ; en les abordant du côté de Paris, vous pourrez croire que ce sont réellement des montagnes ; poursuivez jusqu’à Nemours, vous trouverez la suite de ces mêmes montagnes ; mais cette fois au même niveau que tout le grand continent qui s’étend d’une manière indéfinie jusqu’au delà de Bois-le-Roi… »

M. Desnoyers communique à la Société une lettre qu’il a reçue de M. Charles Desmoulins, de Bordeaux, dans laquelle ce géologue lui donne des détails qu’il lui avait demandés au nom de la société, sur les terrains tertiaires de cette partie de la France. Cette lettre, adressée à MM. Desnoyers et Deshayes, peut servir de réponse à la lettre que M. Boué a écrite de Bordeaux le 13 avril, sur le même sujet, et est insérée dans le deuxième volume du Bulletin, page 375. Nous en extrayons les passages suivans :

« Le mélange des fossiles bordelais et des fossiles parisiens est très évident dans les collections ; mais il est fortement modifié sur le terrain, et c’est la l’important. Il y a des espèces, il est vrai, qu’on retrouve à tous les étages du terrain tertiaire ; mais il y a des nuances de composition zoologique tellement tranchées entre ces étages, que, malgré ces traits de ressemblance générale et d’identité fondamentale, on peut et on doit établir des distinctions très nettes entre eux.