Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 2 - 1831-1832.djvu/63

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saisis par une inondation aient péri violemment dans cette caverne, ou, qu’effrayés par les eaux qui s’amoncelaient, ils s’y soient réunis en plus grand nombre que de coutume. Mais il est encore possible que noyés ailleurs, leurs ossemens aient été amenés dans la caverne par les eaux. Toutes ces choses peuvent se soutenir. D’un autre côté, la présence des ossemens incrustés au plafond de la caverne prouve qu’elle a été remplie de limon à ossemens par une action violente qui doit être celle des eaux. Car sans cette action violente et dans l’ordre ordinaire des choses, les ossemens des ours qu’on supposerais avoir habité la caverne se trouveraient tous sur le plancher, par couches horizontales, et aucun ne pourrait être incrusté à la voûte.

Au reste, l’action des eaux n’est pas difficile à concevoir dans cette localité où le lit du Garden parait s’être considérablement abaissé par la coupure d’un barrage de rochers qui existait peu au dessous. Ce qui viendrait à l’appui de cette explication, c’est qu’on observe dans la grotte en plusieurs endroits des lits d’un sable différent de celui qui provient du détritus de la roche dolomitique, et parfaitement identique avec celui que roule actuellement le Gardon, c’est-à-dire, composé de grains de quarz et de débris de gneis et de schiste micacés.

Nous allons maintenant aborder la question la plus importante.

Dans les boyaux les profons, dans les plus étroits, à plus d’un mètre de profondeur, dans le limon gras de la caverne, on a trouvé, mélangés ensemble, des ossemens d’hommes, d’enfans et des ossemens d’ours.

Il est vrai qu’à peu de profondeur dans le limon, au-dessus des ossemens d’ours on avait déjà trouvé un squelette humain et une figurine romaine, et que plus loin encore, vers le fond de la grotte on a sorti d’un seul coup de pioche six bracelets en cuivre fin, fondu, assez grossièrement sculptés au burin et que je crois pourtant romains. Mais il est vrai aussi, qu’on a trouvé des ossemens humains dans la profondeur du limon, pêle-mêle avec ceux des ours ; qu’il y avait des têtes entières, des épines dorsales, dont tous les os étaient en connexion, des ossemens d’enfans, des débris de poterie, des dents de chien et de renard percées probablement pour être suspendues en amulette autour du cou : une valve d’unio margaritifera qui sans doute avait servi au même usage, et enfin plusieurs os pointus affilés de main d’homme.

Ces derniers os sont des radius et des cubitus de chiens, de renards ou d’autres espèces de pareille grosseur. Ils sont trop grossièrement travaillés pour qu’on suppose qu’ils ont servi de styles