Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 2 - 1831-1832.djvu/73

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Les nombreuses mines de fer qui sont exploitées sur les pentes du Canigou fournissent un exemple très-remarquable de cette position ; elles forment par leur ensemble une espèce de zône circulaire d’environ huit mille toises de diamètre qui enveloppe le Canigou de tous côtés presqu’à la même hauteur, et dont les principaux points sont : Py, Fillolas, Saint-Étienne-de-Pomers, Valmague et Battere.

Les minerais sont un mélange de fer spathique, de fer hématite brun, de fer oxidé rouge et de fer oligiste écailleux. Les deux premiers sont beaucoup plus abondans et forment seuls la base des exploitations. Ils sont inégalement répartis dans les mines ; quelques-unes fournissent presque exclusivement du fer spathique, et d’autres de l’hématite brune. Le minerai existe également dans le calcaire et dans le granite ; cependant il est plus pur et plus abondant dans la première de ces roches ; aussi les puits d’extraction sont-ils ordinairement ouverts du côté du calcaire.

Les gîtes métallifères se présentent tantôt sous forme de filons, de veines parallèles aux couches, ou d’amas, intercalés indifféremment, ainsi que nous venons de le dire, dans le granite et dans le calcaire. Ces gites ne se prolongent pas très avant dans ces deux roches ; elles constituent par leur réunion une espèce de bande placée au contact du granite et du calcaire, de sorte que, malgré la grande irrégularité du gisement de chacune de ces mines de fer, cependant leur ensemble affecte une certaine régularité. Le calcaire qui accompagne les mines de fer du Canigou est constamment saccharoïde, et presque toujours blanc ; il présente alors (à Py, Fillols, Valmagne, etc.) les caractères du marbre de Carrare. On ne rencontre pas de fossiles dans. ce calcaire, on pourrait donc le supposer primitif. Mais d’après des observations nombreuses que nous avons été à même de renouveler cette année, les, calcaires saccharoïdes de la chaîne des Pyrénées, ne sont que des exceptions locales, et ils dépendent des terrains qui les environnent. Les calcaires saccharoïdes du Canigou feraient donc partie des terrains de transition de Villefranche et de Livia situés au pied de ce massif de montagnes. Ils en auraient été séparés à l’époque où la montagne qui les supporte s’est élevée, et c’est à la même cause qui a fait surgir cette montagne que sont dûs la texture cristalline du calcaire et les nombreux dépôts de minerais de fer de cette contrée. Plusieurs années s’étant écoulées depuis que j’ai visité les mines de fer du Canigou, je ne saurais donner des détails plus circonstanciés sur leur manière d’être, mais j’ai été à même d’étudier il y a peu de temps un gisement analogue dans la vallée de la